Cliquez ici >>> ❄️ combien de temps garder un cubi de vin ouvert
Conservationdu vin en cubi L’un des gros avantages du vin en cubi (ou BIB) par rapport aux bouteilles classiques réside dans son excellente faculté à conserver son goût et ses caractéristiques dans le temps après avoir été ouvert. Vous pourrez alors savourer votre cubi pour une durée de 2 à 3 semaines sans craindre qu’il ne tourne au vinaigre.
Combiende temps conserver une bouteille de vin entamé ? Dans tous les cas, rebouchez vite la bouteille entamée et conservez-la au frais, dans le réfrigérateur. Si vous ne supportez pas de boire le vin frais, sortez la bouteille une heure avant la dégustation. Bouteille de vin rouge ou de vin blanc entamée : à consommer dans les 3 jours.
Unproduit de beauté entamé possède une durée de vie limitée, qui diffère en fonction de chaque formule. Crèmes, parfums, maquillage. Combien de temps peut-on vraiment les garder
Votrebouteille de vin n’est pas terminée, il ne serait pas raisonnable de se forcer Mais combien de temps peut-elle se conserver sans Mais combien de temps peut-elle se conserver sans On vous dit tout.
1- C'est un conditionnement très fragile les vins ne s'y conservent que peu de temps après remplissage (3 à 6 mois maximum) 2 - Les vins ne garderont toutes leurs qualités que de 2 mois après leur ouverture. 3 - En France la majorité de l'offre propose des vins de faible qualité (mais heureusement, les choses changent). Une évolution nécessaire
Le Meilleur Site De Rencontre Extra Conjugale. MbG W p$m ï&- i s L'à/ -U. ihg $%' ímífi WWW mm »ÇS3P LA FRANCE AVANT ET DEPUIS LA RÉVOLUTION, Moyens d'y rétablir Vordre ; intérêt des puiffances à ce rétablijsement. Par M. le Marquis de B*****. Août J 7 9 3- n a w?, •/Ì'aLTKN LA FRANCE AVANT ET DEPUIS LA RÉVOLUTION. Moyens d'y rétablir V ordre ; intérêt des puis* fances à ce rétablissement. Les brillantes époques de la monar* chie Française , l’ensemble , la beauté , la grandeur de ce royaume l’ont rendu l’objet de l’envie ; & le François , par la légèreté de son caraétere, tantôt ivre de sa prospérité , tantôt déclamant sans mesure contre un gouvernement dont il ne connoissoit pas les superbes ressorts, r i Budé, l’homme le plus savant de son íìecle, faisoit dèsdors aux Français le reproche qu’ils n’ont cessé de mériter depuis. Lisez , page 89, in Patidccías. In Patriâ suâ Galliperegrinari vidcntur , soli propè hominum rerum suarum ignari. A ij 4 a donné plus que tout autre peuple, dan* une erreur assez généralement répandue. L’homme sent difficilement le bien-être que la patrie lui conserve ; c’est un bien. fait trop général , pour ne pas trouver beaucoup d’indifféreras & encore plus d’in- grats. La frivolité est le principe de nos torts envers l’Etat*, par {'ignorance où elle nous laisse, tant fur ce qu’íl fait pour nous, que fur fes droits & fur nos devoirs. Nés dans le plus beau des royaumes , jouissant d’avantages vainement souhaités par nos voisins ; nous-mêmes avions autorisé les autres nations à croire que la France languissait fous le joug d’un intolérable despotisme. En effet , que devoit penser {'habitant de l’Europe , lorsque sans être sorti de ses foyers, il lui tomboit dans les mains le livre d’un de nos habiles écrivains qui, en parlant du royaume s’écrioit Quel spectacle affligeant que celui de phifeonomies esclaves de vingt - quatre millions d'êtres penfans ! quelle vie enfin , que celle qui rfofflt autre chose qu’un songe pénible y le rêve dégoûtant dlune mort ? perpétuelle. Les gens sensés se disoient bien, que ces déclamations croient exagérées . mais ils ne pouvoient croire qu'u n pays dont on parloir ainsi , pût être celui où, tout pesé dans une juste balance , l’homme étoit le plus heureux. L’opinion des calamités auxquelles nous étions en proie, s’est soutenue long temps, parce qu’elle s’étayoit fur tous les spécieux sophismes répandus dans les écrits révolutionnaires; & parce que bien des gouvernemens , croyant avoir à punir la France de prétentions parfois excessives, on se prêtoit volontiers à la satisfaction de paroître juste, en saisissant les plus sûrs moyens d’abaisser un trône dont l’éclat blessa si fort la vue. L’état oùl’a réduit une horrible révolution , ne semble même pas assez désespéré au gré de ses envieux. Au milieu de si tristes décombres , on croit voir encore le germe de grandeur qui faifoit dire à S. Grégoire Alitant la dignité royale ejl supérieure à la condition, des autres hommes , autant la dignité & les droits de la couronne de Aiij 6 France P élèvent au-dessus dt toutes les autres. Ah! qu’on cesse de nous jalouser, qu’on ne nous envie plus une prospérité dont les sources font taries pour des siécles, & peut-être desséchées à jamais ; mais que l’équité triomphe des préventions qu’on eut contre notre ancien gouvernement ; que les hommes, qui savent remonter des effets aux causes, conviennent qu’il étoit absurde de croire sans réserve aux vices reprochés à l’administra- tion de nos rois, lorsqu’on voit leur royaume s’être agrandi de toute part, & semblable à un puissant aima n , avoir attaché à lui des provinces que d’autres potentats ne purent conserver. Qu’on suspende au moins sa critique sur les principes d’un gouvernement, fous lequel la France eut une population immense ; population qui , dans plusieurs provinces étoit dispropor- tionnée avec l’étendue du territoire, & l'on dira comme l'Auteur du contrat social Toute chose d''ailleurs égale, le gouvernement fous lequel les citoyens peuplent & se multiplient davantage , ejl infailliblement le meilleur. Or, { ? 1 nos plus terribles détracteurs ont mille fois répété , que la France avoit vîngt-fix millions d’hommes. Ou’on se rappelle & qu’on apprenne à quel point l’agriculture & les arts florissoient, lorsque dans les années de paix, l’affluence & la dépense des étrangers, dédommagement en grande partie des frais de la guerre ; enfin , lorsqu’au moment de la révolution tous les ports offroient des signes non équivoques du commerce le plus étendu & le plus lucratif. Nous savons bien qu’en parlant de la prospérité du commerce , nous trouverons des personnes qui s’eflbrcent depuis long-temps de prouver, que notre industrie trop excitée , est un malheur pour la nation il est de mode, de reprocher au grand Colbert la multiplicité de ces manufactures , autour desquelles se développeront des richesses d’agriculture, dans des contrées bien négligées auparavant. Nous savons qu’un apôtre des économistes a dit La France pojsede Us denrées de nécessité , & avec La plus heureuse stuatlon pour les dïsrïhiier. Toutes les nations pou- A iy t ! t Volent être dans fa dépendance ; M. de Col- berr La mit dans celle de toutes. IL prodigua les riches es & les récompenses , pour élever & maintenir des manufactures fafueufes ;il n a- yoit pas les matières premieres ; il en provoqua r importation de toutes fes forces , & prohiba l'exportation de celles du pays , c’étoit faire un traité tout à t avantage des étrangers . Quand des vainqueurs auroient dicté ces conditions , elles ri auroient pas été plus dures à celui qui les auroìt reçues. Voici encore une de ces décisions tranchantes, à Jaquelle il faut croire fans examen , & fur la parole du grand homme qui la proféra. On pourroit demander cependant , si depuis M. Colbert, notre population a diminué , si notre agriculture ne s'elì pas de beaucoup améliorée, fi nos vins ont cessé d’être bus dans toutes les parties du monde, si leur culture & leur exportation ne fe font pas accrues , fi ce que nous avons tiré de foie du dehors , peut entrer en, balance avec les profits des étoffes vendues àl’étranger, I 9 i fi la laine achetée à l’Espagre nous a fait sortir autant de numéraire que celui qu’a fait entrer en France la vente denos draps ; si ce ne font pas précisément nos manufactures de luxe qui nous ont permis de lever des tributs considérables & annuels,fur tous les peuples qui nous avoi- íinent, ainsi que fur ceux qui font , quant à nous , aux extrémités de l’Europe. 2 r A la mort du régent, après le système il ne restoit que 668 millions d’or ou d’argent mon- noyé ; à la mort de Louis XV, il circuloit su moins 1800 millions d’argent monnoyé. Ainsi le commerce seul gagna sous savant dernier régné un milliard 1J2 millions. 2 M. Colbert fit en grand, & suivant les circonstances, ce que Louis XI avoit été loué d’avoir entrepris. Après avoir dit de ce roi tout ce que malheureusement il y eût à en dire, nous lisons le passage qui fuit Cí II faut néanmoins ,, lui rendre la justice, de convenir qu’il avoit „ d’excellentes vues politiques. II est en effet le „ premier denos rois, après Charlemagne , qui „ ait jugé le commerce & l’industrie dignes de 3, son attention. Voyant que les manufactures On pourroit pousser plus loin cet examen , mais notre objet n’est pas de donner un ouvrage fur les produits de l’in- dustrie. Nous n’examinerons pas davantage jusqu’à quel point ont été fondées les réclamations contre le traité de commerce entre la France & T Angleterre i ; il fut conclu dans un temps, où déjà l’un des moyens le plus fùr de fe créer une réputation , & même d’arriver aux grandes places, étoit de blâmer tout, abfolu- „ étrangères atdroient l’argent du royaume fans 5, retour, il appella des ouvriers de Grece & „ d’Italie en France , pour y fabriquer des étoffes „ précieuses ; & pour les y fixer & les encourager ,, au travail, il les exempta de tous droits & -, impôts, ainsi que les Français qui fe forme- ,, rent fous eux. „ Art de vérifier les dates, tome premier, page 624. 1 Le traité avec l’Angleterre, tour-à-tourfi vanté & fi critiqué , fit échanger les productions de notre fol, que personne ne pouvoit nous enlever, avec îes productions des arts que notre industrie pouvoit conquérir. La vie de Louis XVI, par M. de Limon, page ïï ment tout ce que faisait le gouvernement i . Ce qu’il y a de certain , c’est qu’à l’instant où l’on assembla les Etats- Générauy., Marseille jouifíoit des énormes produits, tirés principalement du Levant; tandis que les Anglais, engagés dans leur guerre avec l’Amérique , s’étoient vus forcés d’interrompre leur navigation dans la Méditerranée. Huit cents vaisseaux alors couvroient la riviere de .Bordeaux; une nouvelle-ville, plus considérable que l’an- cienne s’éievoit à Nantes ; celle-ci prou- voit, par fa magnificence , la prodigieuse somme d’argent que le commerce de cette cité avoit à dépenser. La Rochelle, déjà fort relevée du tort qu’avoit fait à sou trafic de pelleteries la perte du Canada , ne présentoit pas un aspect moins satisfaisant. En suivant toute la côte, jusqu’àDun- i Bien des gens fans vertus & fans talens , croient en criant contre leur siecle & contre leur gouvernement, s’excul'er du moins à leurs yeux de leurs vices & de leur incapacité. T2 kerque, on voyoit par-tout des vaisseaux aborder, vivisierles places de J’Orient & de 8. Malo, Grand-ville étoitplus que jamais une abondante pépinière de matelots. Cherbourg devenoitune place importante. Les négocians du Havre bâtissoient une nouvelle ville, parce que l’ancienne ne fiiffisoit plus pour les loger , & pour emmagasiner les riches produits de leurs spéculations. D’imqnenscs travaux bien combinés , rendoient Dieppe le portà-plus accessible , -te-plus commode &fe-plus vaste. Rouen , Paris & Lyon saisissent de grandes affaires avec toute l’Europe. Lisbonne payoit annuellement à la ville de Rheims plus de quinze cents mille livres'tournois pour une simple étoffe de laine , nommée Bayitte. Orléans , en vingt ans, avoit doublé d’industrie , & fa population s’é- toit fort accrue. Amboife commençoit à travailler l’acier presqu’aussì bien qu’il se fabrique à Birmingham, & les ouvriers des Quinze - Vingt à Paris, surpassaient en ce genre tout ce qui s’étoit fait de plus 13 beau à Londres i . La verrerie de S, Louis en Lorraine , & du Montcenis en Bourgogne , opéroient avec une adresse égale à celle de Stourbridge 2. Enfin , de tous côtés l’industrie étoit en activité , à la même époque où l’on se déchaînoit contre un traité qui devoit avoir porté un coup mortel à notre commerce. MM, Holkers employoient, tant à Rouen que dans les environs , quinze mille personnes à la fabrique des cotonnades 3 . Les 1 Ce faitííírévoqué en doute, parce que rétablissement des Quinze-Vingt n’étoit que dans fa naissance. Le maître ouvrier fut long - temps abligé de donner ses ouvrages comme fabriqués en Angleterre , fans quoi on ne les eût pas achetés ; mais on reconnut que la plus belle épée qui eut jamais paru, épée crue anglaise par les Anglais les plus connoisseurs, avoit été faite & achevée de tout point aux Quinze-Vingt. 2 Ville du comté de Worcester en Angleterre. 3 Ces manufactures de coton rachetèrent à bas prix des Anglais, les cotons que ceux-ci furent forcés de vendre , & qu’iis avoient acca- C 14 cazimirs les plus fins, les meilleurs, se travailloient anx Andelis 1 . Le moulin à coton de Louviers , égaloit en beauté Sc en utilité de méchanisme, tout ce qui se voit de mieux dans ce genre à Manchester , à Broomsgrove & dans d'atitres parties de l’Angleterre. En 1788 , la foire de Guibray avoit été plus florissante que jamais, & la balance de ses ventes portée à un million au-delà du débit ordinaire. 2 Il s’en falloit de beaucoup , cju’à la même époque , Je commerce de la parés à un taux fort haut à Lisbonne, croyant par là faire tomber ce genre d’industrie en France ; cette spéculation , qui tourna à notre profit, causa alors d’énormes banqueroutes en Angleterre. 1 Chez Messieurs Flavîgni. 2 Malgré tout ce qu’on écrivit contre le rétablissement de la compagnie des Indes, fous le régné de Louis XVI, il partit nombre de couriers de Paris , pour annoncer à Londres , comme une victoire pour l’Angleterre , le décret de PAssern- blée Nationale qui supprima cette compagnie. ï-f Grande-Bretagne vit sa prospérité répandue aussi également sur la surface des trois royaumes. Bristol diminuoit à mesure que Lî- verpool s'agrandissent. Newkastel & Glaskow se plaignoient hautement & aVec grande raison de leur décadence. Deux villes se bâtissoient en Irlande, l’une auprès de Waterfort , l’autre à quelques lieues de Dublin. On espéroit tant de ce second établissement, que son fondateur le nomma prospéré ; mais les habitans ne tarderent pas à l’abandon- ner , faute de pouvoir s’y soutenir; & jamais ce qui a été construit auprès de Waterfort, n’a été occupé parles Genevois qu’on devoit y placer. Ges faits, observés fur les lieux mêmes, font rapportés ici fans nulle prévention. Ils n’affoiblissent en rien la juste admiration que mérite, dans l’en. semble de son administration , le ministère anglois. Alors on fouffroit encore de la séparation des colonies, alors l’An- gleterre étoit réduite au point qu’il avoit 16 été dit peu de temps avant dans la chambre des Pairs 11 ne nous refle pas même l'efpoir de voir la dette nationale se borner au point qui touche immédiatement la banqueroute forcée i . Mais la nation , au lieu d’aggraver par des folies , le mal qui venoit d’arriver à la mere- patrie, re- jetta tout ce qu’il y avoit d’âcrefé dans les reproches de l’Oppoíition. Qn ne fit pas aux ministres un crime des fautes que les plus grands hommes commirent fonvent. On sentit que le plus sûr moyen de hâter le retour de la prospérité , étoit dans une union intime entre le souverain & son peuple. A partir de cette époque } l’Angleterre s’éleva rapidement à la splendeur qui assure à la fois le bonheur de cette généreuse nation, & la gloire du cabinet de St. James. La France, dans le traité de paix de 1783 , s’étoit ménagée des conditions i Voyez la réponse de lord Schelbufn aií discours du roi d’Angleterre, en 1781. clic í n Conditions utiles & honorifiques i ; au dehors eìleétoit considérée ,elle avoit au- dedans d’imtnenses ressources pour rétablir l’ordre dans ses finances 2. Malgré 1 Elles eussent pu être meilleures encore j k en juger par ce qu’un ministre Britannique dit en 1785, pour se justifier d’avoir fait la paix à la suite du triste exposé de la situation où se trouvoit l’Angleterre, il termina son discours par ces mots bien remarquables. “ Je jure fur mon honneur, qu’à la vue de toutes cesconsi- j, dérations, j’ai été plus de huit jours fans dor- jj mir, & je poursuis dire, fans presque prendre 3, de nourriture, tant j’attendois avec impatience í, Y ultimatum que j’avois envoyé en France, j, tant je craignois qu’il ne fut pas adopté, Sc j, que le conseil de Versailles , instruit comme 33 nous de notre situation critique dans l’Inde, 33 ne rompit toute négociation, ou du moins j, n’étabiit des prétentions exhorbitantes. Qui 33 me reprochera donc à présent què le secret de 5, Tétât est divulgué , de rn’être trop pressé à í, faire la paix „ ? 2 Si Ton nóus accuse d’exagération dans ce qui vient d’être tracé fur Tétât où étoit la France B 18 cela, c’étoit à qui répéteroit que le royaume étoit perdu , si l’on ne se pres- avant la révolution ,nous pouvons répondre, que notre maniéré de voir est celle de bien des gens íàges. Voici comme s’exprimoit en 1789 un écrivain estimable. K L’état de la France n* j, pouvoit se comparer à celui où elle se trouvera a, à l’époque du rétablissement de l’autorité 33 royale. ,, Toutes les parties del’administration étoient j, réglées par des loix sages, ou par „ copstans. Celles-là même où l’opinion pu- 33 blique indiquoic des réformes, pouvoíent être „ regardées comme des établissemens provisoires, 3, qui permettoient d’attendre, fans de grands ,, inconvéniens , les améliorations désirées. Les „ impôts étoient forts, à la vérité, mais régu- „ liérementperqus. Ils ont été accrus d’une ma- 3, niere effrayante, & le contribuable est écrasé. 3, Le peuple étoit tranquille & sans armes ; il 3, honorait la religion & ses ministres ; il chérissoit „ .& respectoit son roi, une excellente police j, veilloit pour sa sûreté, la justice lui,étoit dis- , 3> tribuée avec plus d’impartiaíité & de promp- „ titude, à moins de frais que dans aucun autre „ état de l’Europe. Les crimes y étoient rares, i9 soit pas fie le régénérer, en lui donnant une constitution. On s’obstina à n’attrl- buer qu’au bazard la belle organisation d’une machine qui marchoit fi majestueusement depuis tant de siécles. Dire qiíun ,, en comparaison des pays dont on exalte le „ gouvernement. Four s’en assurer, il suffit de „ comparer le nombre des jugemens à mort des j, assises d’Angleterre, avec ceux rendus par les „ cours supérieures de France. L’agriculture, le 3, commerce , les manufactures y florissoient par- 33 tout , signe certain de l’aisance universelle. 3, On bâdssoit, on défrichoit ; le peuple étoit „ mieux vêtu , mieux nourri que jamais ; les arts „ d’agrément, une certaine élégance de mœurs , ,3 l’aménité & la gaieté deshabitans, indice fur ,3 de leur contentement, appelloienc de toutes ,3 parts dans le royaume les étrangers, qui ne le 3, quittoient qu’à regret. Une armée nombreuse 33 brave & disciplinée, une marine plus formi- 33 dable qu’elle n’avoit jamais été, défendoient „ l’Etat. Des alliances puissantes ajoutoient en- 33 core à fa force & à fa considération. Essai fur 3, les deux déclarations du roi faites le 23 juin » i?8y, page 34 & Jî- ib empire qui subsfïe depuis plus de treize cetîts ans , & qui a toujours été croijfant en ri. chejses & en gloire , n'a pas de confîitution ; des cruellement faire la critique de ceux qui en ont & la condamnation des personnes qui veulent lui en donner une i . Mais tout raisonnement étoit étouffé par les cris de la moderne philosophie. II étoit gravé dans les arrêts d’un funeste destin que les rêves de cette philosophie parviendraient à détruire de fond en comble les monumens de la sagesse de nos ancêtres. Des ministres pervers engagefent les gens de lettres à se livrer aux brûlans transports de leur imagination. Sans doute que plusieurs d’entre’ux furent abusés par le désir d’être utiles* à leur patrie;mais les autres, orgueilleux, atrabilaires , furieux depuis si long-temps i Lettre à M. le comte de Lally, par un gentilhomme français, publiée en février dernier. Lettre qui ne iauroit être trop lue, trop connue t '.rop méditée. { - r } que les productions de leurs plumes ne leur eussent valu, ni les récompenses décernées aux défenseurs de l’Etat, ni les décorations réservées aux grands services, ne virent plus d’autre bonheur pour eux que dans ^anéantissement de tout ce qui blessoit. leur vanité. L’un fous le titre d’orateur aux Etats-Généraux , publia, avant leur rassemblement, un ouvrage dans lequel il dit en parlant du roi Sommes votre délègue de vous rendre compte de fa conduite ...... La cour croît - elle que le crime atroce de leçe - majefle nationale , au premier chef , fe punifle par le repos & les douceurs d'une vie molle & voluptueuse ? La fin de cet ouvrage n’est pas moins remarquable dans l’endroit où son auteur enjoint à la nation cc de changer „ toute la constitution civile & politique, ajoutant „ Que fi elle conserve le monarque, elle doit le mettre dans l'impossibilité absolue de faire le mal , ou de le laisser faire. Dans le même moment on autorisa le débit du livre , i où l’abbé de Mably i Lebel, libraire, exposoit ce livre au pied B iij 2 ± dit Ne laissons fubjìfîer aucune magifra- ture héréditaire. Quand une nation fera parvenue au but que l'Angeterre doit aujourd'hui se proposer, qui empêchera qu a l'exemple des anciens Romains , elle ne supprime même jusqu au nom de roi? Voye{ ce qui Je passe sous nos yeux. Un toi de Suede gémit de fa condition , & Je croît le plus malheureux des hommes, parce qu'il nef pas aufp puissant qu un roi d'Angleterre. Celui - ci pense qu'on lui a fait une injuf ice criante , de ne pas le laifer defpotiser comme un roi de France, qui imagine à Jbn tour qu'il n'y a de vraiment grand , de vraimant puissant, qu!un roi de Maroc , qui n'a qu'à vouloir pour être obéi ; & qui , sans craindre une révolte, du grand escalier de Versailles. M. de Villedeuil secretaire d’Etat , lui en fit défendre la vente; deux jours après il le reproduisit avec l’autori- sation d un ministre, dont malheureusement la volonté n’étoit que trop prépondérante, au moment où les Etats - Généraux s’assemblerent. primò prudentes , dein vulgum , diutijjimè pro- vindasfefdlit. Taxite. { SZ coupe en s 1 amusant des têtes, pour montrer son adresse. Sûrement aucuns de nos rois n'ont envié le fort d u roi de Maroc, pas même celui du sultan de Constantinople. Mais c’étoit avec ces exagérations, toujours insultantes & criminelles, que nos écrivains abusèrent de la crédulité de leurs lecteurs. Ils peignirent des couleurs les plus rembrunies, des abus qu’il íalloit fans doute corriger. Ils se gardèrent bien de présenter ces abus comme les chenilles qui attaquent un bel arbre. II souffre pendant une saison; mieux soigné Tannée d’ensuite , il reprend toute la fraîcheur de sa verdure. L’esprit de vertige qui s’étoit emparé de la nation atteignit nécessairement ses représentans aux Etats-Généraux. j, Et pour comble de maux apporta dans la France j. Des harangueurs du temps l’exécrable éloquence. Le ton de la société devint celui des députés ; en vain quelques hommes éclairés s’efforcerent - ils de conserver les droits F iv l 24 de la raison; en vain tentèrent-ils d’en- gager à réparer l’édifice sans le détruire , bientôt on put appliquer à l’Assemblée Nationale ce qu’Anacharsis disoit des Athéniens Qu'il ne pouvoit ajjse^ s'étonner de voir que dans leurs délibérations , cétoient les sages qui parloìent , & les fous qui déci~ doient. Bientôt auffi ces fous mirent au jour une constitution qui désorganisa en-î tiérement la France, & qui substitua l'a- narchie à sordre. On vit tout auffi promptement le souffle empoisonné du jacobinisme culbuter d’absurdes conceptions. Gette seconde révolution renversa toutes les idées des personnes qui s’obs- tinoient à croire que la nation étoit fort attachée à cette constitution. Sans doute fut-on obligé de reconnoître son inconsis- tence, lorsqu’on vit avec quelle facilité ses ennemis étoient parvenus àl’anéantir. Cependant bien des gens n’en persistèrent pas moins dans la pensée qu’il salloit tirer de cet informe ouvrage, les matériaux propres à fabriquer une constitution plus passable ; constitution qui s’a- í 25 da’ptant, autant qu’il seroit possible, à la situation des esprits , ne choquât pas trop les idées d’un peuple qu’on supposoit ra- foííant de la liberté ; constitution qui rendit au roi de France assez d’autorité, ou assez d’apparence d’autorité pour qu’il put être replacé décemment furie trône 1 . Ici encore l’ancienne jalousie faisoit- 1 On lit dans une lettre d’une grande cour, adressée aux principaux souverains en juillet 1791. “ Qu’il falloit toutefois laisser les voies „ ouvertes à rétablissement pacifique d’un état 3 , de choses en France , qui sauvât du moins la 3, dignité de la couronne , & les considérations 33 essentielles de la tranquillité générale. „ Ce fut la connoissance des termes moyens vers lesquels on voyoit pencher quelques cabinets, qui enhardit les factieux, qui leur fit concevoir le projet de renverser tous les trônes del’Eurppe, qui leur fit commettre le plus affreux des crimes. Lorsque les souverains s’enlevent l’un à l’autrp des provinces , ils font quelquefois un faux calcul , mais lorsqu’ils font indisscrens sur la dignité d’une autre couronne, ils ne se disent pas assez combien ils exposent la sûreté de la leur. 26 desirer de voir ce royaume aux prises avec une charte qui y perpétuât fagita- tion, & qui laissât aux autres puissances la liberté de se consolider à mesure que la France s’affoibliroit & se ruineroit. Le petit nombre de personnes qui, pour le bien de l’humanité , souhaitoit un juste équilibre entre le pouvoir des souverains & le degré de liberté qu’il convient qu’aient les sujets , étoient plus d’accord fur le vœu d une constitution pour la France , que fur les moyens de la rendre bonne, & de la faire agréer. Lorsque les habitans des âpres montagnes de la Suisse se divisoient au point de vouloir se combattre , lorsque la discorde fatale croyoit avoir atteint son but, un vieillard respectable descendit d’un rocher ; Nicolas de Flué se présente au milieu de ses concitoyens ; il parle, & puissant comme l’Éterne] qui l’inspiroit, il calme les ressentimens, il fait couler des larmes ; la tendre fraternité reprend tout son empire , & la paix est l’ouvrage d’un homme vertueux. Mais il avoit à 27 } parler à des hommes simples, à des hommes pauvres , à des hommes qui n’avoient pas été pervertis. Aujourd’hui Nicolas de Fluë crieroit dans le désert. Nous ne voyons que trop à quel point il est aisé de porter nos contemporains au mal , combien il est difficile dc leur rendre les vertus qui feroient leur bonheur, & combien, ainsi que l’a dit Bossuet, " ils vont s’enfoncant dans l'iniquité Quel est l’orateur qui, se présentant à une assemblée souillée de tous les genres de cette iniquité, oseroit se flatter de la faire revenir sur sbs pas ? Quel seroit le Thaïes dont les apologues ingénieux parviendroient à suspendre les cris féroces de ces tribunes, où des monstres soldés n’appuyent que les opinions les plus barbares ? Quel seroit le souverain qui se respeéteroit assez peu pour traiter avec les meurtriers d’un roi'? Enfin, quel seroit le code assez sublime pour servir de loi à quarante-quatre mille municipalités, qui s’emparent impunément des droits de 28 la plus arbitraire souveraineté , í 8c qui ne sont contrariées qu’autant que quel- i Au mois de nrars 1790, M. Desmeunier traita d’iníìnuations injurieuses les observations faites par M. de Cazalès fur ce qu’ìì falloit donner dc la force au pouvoir exécutif , & fur le danger de charger les municipalités de l’excrácc de ce pouvoir. On cria bien davantage encore lorsque , dans la même séance , M. de Montlaufier dit, que les plans proposés invejìiroicnt des corporations de toute la force publique ; qu’on verrait fe 1 enouveller l’exemple de ces anciens maires du palais , qui f ais oient, tout en tenant les rois renfermés dans leurs palais ,• que le monarque ne feroit plus qu'un membre paras te placé en- dehors de la constitution , une vraie superfétar tion politique. M. Neker a depuis suivi la même idée, lorf- qu'il demande fie fgnifie le titre d'un représentant héréditaire de la nation , s’il ne doit plus la représenter au moment où l’on traitera des sacrifices qu’on exigera d'elle? A-t-on pris garde , ajoute-t-il , que dans un royaume appelle à payer cinq ou fìx cents millions , une si vaste contribution couvre tout , environne tout,, U saisit les hommes & les choses par une infi - 29 ì ques-unes d’entr’elles semblent vouloir rentrer par moment dans les sentiers de la justice? Quel seroit le pouvoir exécutif qui, par la seule persuasion , réprime- roit la licence de ces horribles clubs, où les motions les plus inhumaines font les plus applaudies? Une cruelle expérience a suffisamment démontré que , pour le bonheur du monde, les souverains doivent plus que jamais se resaisir de la prétendue majesté du peuple. i Dans tous nitc de rapports connus U inconnus , & fous l’ancien régime , ne payoient que 18000 L., fe virent obligées de payer 40000 L., & au-delà, fans compter les dons prétendus patriotiques. 39 1 mort, sans qu’elle serve en rien au bien de leur patrie; qui leur donnent tous les peuples de l'Europe pour ennemis; qui, lorsqu’il a été question de priver Louis XVI du trône & de la vie, ont déclaré que c’étoit vm crime de leze-nation que de la consulter sur le sort de son souverain , que de laisser à cette nation la liberté de repousser avec horreur une décision qui la couvre d’un éternel opprobre ? On apperçoit au milieu des forfaits dont ces scélérats ont rendu le peuple complice , que s'ils ne le retendent pas dans une continuelle crainte, il se seroit plus d’une fois affranchi de leur joug» Déjà lorsqu’il peut échapper à la surveillance , il écoute attentivement ceux qui disent , comme Solon aux Athéniens „ C’est vous-mêmes qui avez élevé vos „ tyrans, en leur donnant des gardes , „ en vous armant peur établir leur ty- „ rannie , & c’est ce qui vous a fait tom- „ ber dans cet esclavage si honteux. „ II ne suffit pas d’ordonner à un peu- „ pie d’être libre, pour qu’il le soit; il C iv l 4 ° » saut changer dans les citoyens la ma» » niere de voir , de sentir, de penser , cm n leurs anciens préjugés triompheront de s, tout ce qu’on fera pour les combattre. 33 Si quelques législateurs ont réussi à 33 affermir un gouvernement libre en 33 wème - temps qu'rls l’ont établi , ils ne „ donnoient fans doute des loix qu’à une 33 poignée d’hommes renfermée dans une 33 même ville. „ i Avant de prétendre à la confiance des peuples , ils eurent ou affectèrent les sen- timens d’une faine morale ; ils ne tentèrent pas d’établir leurs systèmes , en annihilant tous principes religieux. La raison seule & futilité n’auroient pu faire adopter les réglemens de Minos, de Zoroas- tre , de Seleucus., de Triptolême & de Numa , s’ils ne se fussent pas présentés aux nations comme les organes de la Divinité 2. Au contraire , des insensés 1 Mably Observations fur shisioire de France, tome II, page 122. Çz Mai non f u alcuno ordinatore di leggi 4 * fe sont eleves parmi no'us, clans une de ces époques fatales , où las de notre repos, nous voulions des nouveautés. On defiroit de voir changer la face du gouvernement, non dans la vue d’établir une égalité chimérique , mais dans l'ef- pérance que des changemens mettroient chacun au - dessus de son adversaire. Âinsique cela s’étoit vu souvent, !e Français confondant la licence la plus extrême avec la liberté , crut qu’il feroittoujours libre , parce qu’on-ne vouloir pas le réprimer. Mais s’il existe peu de nations qui fe soient plus distinguées par fa bravoure , par fa bouillante ardeur, par son étonnante intrépidité , on n'en connoît pas qui passe plus aisément de la confiance Jìraordinarie iti un popolo , che non ricorrcjsc a Dio , perche , altrimcnti, non sarrebero uccet- tate ; perche sono molti béni conojciuti da uno prudente , iquali non hanno in Jc raggioni evi- denti da poter-glì persuadere ad alu ni, Dis- corjì di machiavcl fopra Lib, i , cap. XI, s 42 ; LU découragement , de la fureur à la consternation. C’est en vain que les factieux ont cru fur la périlleuse parole d une ambition déçue que Lorsqu on emploie la monnoie des illusions , on a des trésors inépuisables 1 . C’est en vain qu’ils entassent ruses fur ruses, pour prolonger fivresse de ce malheureux peuple. Ses pertes se multiplient trop pour qu’il ne finisse pas par les sentir. Le président Hénault en parlant des calamités qu’éprouva la France , après l’introduction des grands fiefs , dit Le caractère des Français demandoit , pour leur bonheur , qu ils fujfent gouvernés par un seul, 11 étoit donc nécessite de les ramener à ces temps heureux où ils n'avoiene qu' un maître , au lieu de les laisser sc détruire par un amour dlindépendance dont ils n apperce- voient pas les fuites. Ils ont plus besoin que jamais qu’on les retire du précipice dans lequel leur aveuglement les a jetés ; & st 1 Du pouvoir exécutif dans les grands Etats, page j41, 43 1 l’on s’y prend bien , ils béniront bientôt ceux qui les obligeront à rentrer fous un pouvoir qu’ils aimoient. Qu’allons-nous devenir ? C’est ce que chaque Français tant soit peu sensé demande à demi-voix à son voisin. Peu de personnes osent répondre ce qu’elles pensent; mais les insurrections royalistes prouvent cependant qu’il en est qui disent r “ Sauvons le „ vaisseau du naufrage ; chassons du ti- „ mon des pilotes coupables de tant de » mauvaises manœuvres ; que chacun „ travaille à regagner le port dont nous „ sommes sortis avec tant d’impruden- 33 ce au lieu d’aller chercher la chimé- „ rique perfection d’une isle inconnue , ,, reprenons le chemin de nos maisons 3, paternelles ; le temps les avoit enfu- 33 mées , on peut les reblanchir, les re- 33 crépir fans les abattre. Instruits par les 33 malheurs qui viennent de fondre fur 33 nous , l’administration fera plus atten- 33 tive , le peuple moins exigeant, moins 33 inquiet; & s’il réfléchit bien à ce qu’il ,3 vient d’avoir fous les yeux , fa frayeur 53 44 de tontes les nouveautés fera telle qu’on .u ne pourra plus lui en faire adopter le 33 trompeur appas. „ Dès que la sage conduite du général JVlonk lui eut fait atteindre son but, dès que Charles II fut proclamé , la noblesse ne fut pas moins satisfaite que le peuple. Celui- ci libre de toute contrainte fit éclater une joie immodérée ; on le voyoit courrir ça & là avec des transports incroyables ; & tel ctoit le nombre des royalistes , qu'on ne pouvait concevoir oh étoient ces personnes qui avoient occasionne tant de troubles i . Nous verrons les mêmes signes de satisfaction , accompagner en France le rétablissement de la royauté & de toutes ses prérogatives. Les révoluteurs, pour mieux subjuguer le peuple , ont changé tout ce qui existoit, en prêchant un civisme dont la signification est inconnue aux trois quarts de la nation. Ils défendirent de pronom i Histoire universelle par des Anglais pages 6y & 79. 45 *er ce qui défignoit une fraternité particulière. L’habitant de Reames n’oía plus s’appeller Breton, ni celui de Dijon, Bourguignon. On a défiguré Ja France en géographie , comme en gouvernement. Lorsqu’on pourra travailler à rétablir l'ordre , on sera aidé par ce sentiment qui attache & qui ramene l’homme aux habitudes de fa jeunesse. Malheur à celui qui prononce fans émotion le nom de fa contrée ; malheur à celui qui revenu dans son hameau , ne s’empresse pas d’aller fe mettre à sombre de l’arbre q u'il planta dans son enfance. Le Lapon ne fouffri- roit pas qu’on changeât le nom de fa stérile patrie. Le Français impatienté d une nomenclature inintelligible , la reléguera avec ses auteurs fur les rochers du Calvados. On maudira la brillante dénomination d’une côte d’or , où ne circulèrent que des assignats décriés dès le jour de leur émission. i i Yoicí ce qu’écrivoit en janvier 1790 un député à l’assemblée nationale “Nos confrères s 46 Ees rebelles actuels n’ont pas même eu le mérite de l’invention dans aucune de leurs démarches ; ils ont supprimé la noblesse , comme le long parlement d’Angleterre, crut avoir mis les pairs au niveau des autres hnbitans du royaume ; ils ont établi une Ere, comme alors fur le grand sceau d’Angleterre se placerent ces mots De la première année de liberté rétablie par w savent bien que ces 1200 millions d’assignats „ font 1200 millions de prises de poison distri- ,, buées au public. Les dignes satellites de la ,, majorité ont, comme d’ordinaire, assiégé les „ portes ; les docteurs qui ont fait accoucher, „ par violence, decedecret, en vouloient deux „ milliards. Ils savent bien que ce poison, dont ,, ils auront leur part, fera dans le premier mo» 3, ment leur fortune , & celle des agioteurs qui les ,3 soudoyent, & que c’est un coup mortel porté ,3 à la noblesse, à la magillrature , & sur-tout „ au clergé qu’ils ont juré d’enterret avec la „ religion ; car ces gens - là ne veulent plus de ,3 religion. Ils n’oscnt le tout haut, parcs qu’il leur est nécessaire de garder le ,5 masque, mais ils en conviennent tout bas. „ 47 la grâce de Dieu , en 1648. Leurs commissaires , leurs émissaires dans toutes les parties de la France nous rappellent Ces prédicateurs ambulants qui alloient de ville en ville , de village en village , apporter les nouvelles joyeuses de 8Evangile ; c’est ainsi qu'ils s’exprimoient i . Tous ces prédicateurs nés dans la lit du peuple étoient. fans éducation , & pour suivre cette profession ils avoient tous quitté leurs métiers. Tels font Jourdan , le Gendre , Cochon , le Coin- tre , Santerre & mille autres. Les rebelles ont aussi remis au jour le plan tracé 2 à la Rochelle, Je 10 mai 162 i parles religionnaires, division du royaume en départemens, en districts & en municipalités ; tout s’y trouve. 3} 1 Docteur John Walkers, attempt 147 & suivantes. c Plan perfectionné, mais essentiellement calqué fur les synodes tenus depuis $72 jus- qu’en 16 R ç. ; Depuis, ces scélérats se sont livrés à des imitations plus atroces. Celui qui osa proposer 43 La seule différence , c’esl que de; chefâ imposans par leurs possessions, par leurs talents , dirigeoienâ des hommes qui croyoient combattre pour la cause de Dieu. Ces hommes obéíssoient à des guerriers célébrés par des victoires, & dont les noms étoient révérés depuis bien des sieoies. Cependant l’autorité de diviser le corps de son roi pour en envoyer les parties à chaque département, changea en une horrible motion le beau vœu de Montrofe qui périssant fidete à Charles II, dit aux Ecossois “ Je desirerois que ma chair fut distribuée dans „ toutes les villes de la ertirétienté, comme „ un témoignage de mon attachement à la cause „ pour laquelle je vais périr L’ordre donné par Santerre d’étousser par des bruits de guerre la voix de Louis XVI, parlant pour la derniere fois à son barbare peuple , fut une imitation de ce qui se pratiqua en 1662 á Inexécution de Vane. Sans doute que les instigateurs de cette recherche de cruauté envers notre infortuné monarque, pensèrent qu’il falloir en agir avec un roi, comme on s’étoit conduit avec fimpla- cable ennemi de îa royauté. légitime r 49 r légitime prévalut. L’idée d’une république Françoise, s'évapora ainsi que la chaleur de l’esprit de parti ; on la regarda bientôt comme cent autres erreurs que présentent les ambitieux pour s’élever aux dépens d’un peuple toujours abusé, parcs qu’il est toujours crédule; à plus forte raison la république jacobine aura le même sort. En proposant de renvoyer chaque individu à la position où il se trouvoit, par exemple, au i janvier 1786 , & de rétablir Tordre ancien , il ne seroit pas question de remettre en vigueur certains impôts, tels que la gabelle & les aides, impôts que depuis bien des années, les administrateurs les moins populaires de- siroient de détruire. 11 ne s'agiroit pas davantage du retour de plusieurs abus, de la restitution des grâces accumulées & trop onéreuses à TEtat; enfin de tout ce qui grévoit le pauvre , fans que le service public gagnât en proportion da poids dont étoient certaines charges. Il est aisé de se persuader qu’auj’our» D So d’huï que l’illusion a été dissipée par de tristes réalités , tout possesseur, qui depuis quatre ans tremble fans cesse pour fa propriété, verroit avec plaisir renaître le jour où le pillage, où l’incendie ne feroient plus regardés comme des transports de civisme , où le gouvernement monarchique pourroít faire veiller comme autrefois à la .fureté de tout particulier , où la justice administrée par des magistrats expérimentés & non élus nu hasard , seroit de nouveau fous l’inspection des parlemens, dont la nation dans un temps d ivresse méconnut les services. Rendue à elle-même, revenue de fes prestiges, elle verroit rétablir ces parlemens avec autant de satisfaction qu’elie mit de légèreté à les sacrifier. Bientôt on se rappel- leroit que a i’iníiitution des cours fouve- „ raines nous sauva d’être cantonnés & 3 , démembrés comme en Italie & en 33 Allemagne , & qu’elle maintint ce. 3, royaume en son entier. Les rois , „ nous dit Mézeray, considéraient l’au- „ guste tribunal du parlement, comme { S T i5 le cœur de leur royaume. Ils avoietlt „ un grand foin d’en éloigner tout ,5 venin Sans doute , objectera-t on, que les pat* lemens se sont trop souvent écartés des principes qui dictèrent, en 1484, la réponse du premier président de Lavaquerie a u duc d’Orléans , que le parlement ríitoìt ìnfìitué que pour rendre la jujlice. Maíâ souvent la maladresse des ministres fit passer la justice & la raifort du côté des tribunaux. Un écrivain impartial n’entre* prendra pas de justifier la versalité de la conduite des parlemens. En 1454, nous le voyons s’élever avec force contre les lettres patentes qui tendoient à établir une égalité de droits entre cette cour souveraine & celle de Toulouse. En 1754, d’autres vues lui font tenir un langage différent ; ce n’est plus fur les autres parlemens qu’il veut avoir la supériorité, c’cst au-dessus de l’autorité royale qu’il songe à s’élever, & pour y parvenir, il fait revivre fous le nom de !'unité , entre tous les parlemens du royaume, le système D ij s §2 de Tunîon proscrit du temps de la fronde". De là sortirent mille assertions pins que hasardées. O u'en conclure ? c’est que les corps les plus respectables, les plus utiles, les plus nécessaires , font quelquefois des fautes graves , tristes résultats d’une majorité surprise. Encore en dernier lieu l’effervescence générale nuisit à la sagesse des délibérations du parlement de Paris. Nous conviendrons, qu'entraîné par les clameurs de ses plus jeunes membres, il publia des arrêts irréfléchis. Mais qui pourroit oublier ces notnbreuses décisions qui furent des objets d’admiration pour toute l’Eu- rope? ij Combien le peuple ne dût - il i Quand la Pologne envoya l’élite deS grands hommes qu’elle avoit en 1373 , annoncer au duc d’Anjou , depuis Henri III, son élection comme roi de Pologne, les ambassadeurs polonois qui avoient trouvé bien des choses à blâmer dans le luxe ridicule, & la légèreté française, furent saisis de vénération en voyant le parlement assemblé , L en y entendant plaider. Cela fit dire à l’un de ces ambassadeurs ; qu’il ne s’étonnojt plus s 53 pas à des remontrances qui, en éclairant ie souverain , lui présentoient la vérité sous les formes les plus faites pour la rendre respectable ? Combien ne résista- t-il pas aux prétentions ultramontaines , lorfqu’elles furent abusives ? Combien ces parlemens n’en impoferent-ils pas à tous ceux qui vouloient arbitrairement opprimer la nation ; tandis que d’une autre part ils méritoient f éloge renfermé dans ledit de juillet 1644, où il est dit de tout tans la cour de Paris rendit de grands & signalés services aux rois dont elle fait régner les loix. Un auteur anglais a observé , qu’il étoit bien glorieux pour nous, que le roi de France n’eût jamais pu corrompre un seul membre de son parlement, tandis que le roi d'Angleterre corrompoit avec tant de facilité tous les membres du sien. „ si divers princes de la chrétienté avoient sou- ,, vent commis le jugement de leurs différens , 5 à cet auguste sénat , puisque ces graves pec- ,, Tonnages qu’il voyoit en robe rouge , étoient f , comme autant de rois. 54 L’Assemblée Nationale n’a supprimé les parlemcns que parce qu’elle voyoit en eux les vrais ministres , les vrais défenseurs des loix fondamentales du royaume. Une assemblée qui vouloit s’emparer du pouvoir de son souverain, ne pouvoit pardonner au parlement de Paris d’avoir , en 1593 , conservé la couronne à la maison de Bourbon , malgré les menées d’une grande puissance , Sc ^asservissement des Etats-Généraux convoqués par le duc de Mayenne. Le beau réquisitoire de M. Séguier l rappellent trop à de sages principes, pour qu’on ne s’empressât pas d’étouffer la voix de ceux qui avoient le courage de les célébrer. L’Assemblée Nationale s’índigna des délibérations de divers par- lemens ; fou courroux se développa surtout contre sari été de la chambre des vacations de Rouen , où il est dit que lorsque le premier monarque de t univers , acca^ blé de chagrins aussi cuisans qu immérités , 1 En décembre 1 7 SS 55 daigne faire taire en lui tout autre sentiment que celui de son inépuisable tendresse pour ses peuples ; enfin , quand on a vu ce prince digne à jamais du respect des nations , bravant tous les dangers , venir au milieu de fa capitale essayer encore par texemple de ses vertus & des témoignages louchans de fa popularité , de ramener fis sujets égarés , de vrais & fidèles magistrats ne peuvent que bénir tant de bontés , & gémir en filence fur terreur de leurs concitoyens. II étoit évident que tant qu'on laisserait subsister des cours souveraines qui s’exprimoient , qui se conduisoient ainsi , elles conserveraient des moyens d’éclairer le peuple, de confondre les factieux , & d’opposer un ordre salutaire à une horrible anarchie. Le plus intrépide scélérat n’est jamais entièrement exempt de la frayeur qu’uu jour ses crimes ne soient punis ; les auteurs de tous nos maux savoient trop que, dans tous les temps les parlemens ont poursuivi avec un courage respectable , les perturbateurs d u repos public. 11 falloit anéantir ces cours pour anéantir D iv c 56 ensuite la royauté ; elles doivent revivre avec le monarque, & tandis que celui ci s’abandonnera aux mouvements d’une sage clémence , le glaive d’une sévere mais parfaite justice , doit être remis entre Jes mains des magistrats dignes de la constance de tous les bons Français. Nos malheureux compatriotes n’ont eu que trop de sujet de les regretter, en se voyant vexés par des juges vendus au crime; ils n’ont que trop souffert des indécentes contestations, des décisions monstrueuses de cette foule de tribunaux, de départements , de districts & de municipalités, formés en grande partie de ce qu’il y a dc plus abject; il faut que le retour du bon ordre disperse ce ramas d’hoin- mes méprisés. Parmi les membres de l’ancienne administration , il en est beaucoup qui se sont rendus tellement coupables pendant ]a révolution, que bien certainement ils se feroient justice , & ne profiteroient pas du pardon que la prudence & l’hu- nianité pourroient dicter. Les retraites 57 volontaires íourniroient doive des places à donner, ou des réformes à opérer fans chagriner quiconque mérite des égards. Il a été dit plus haut, que les propric- taires des moindres possesiions applau- diroient au retour des antiques tribunaux, & de proche en proche à celui de l’ancien ordre des choses. Cette assertion ne paroîtra pas íì hasardée à toute personne qui, ayant bien connu la France avant la révolution , peut s’appercevoir aujourd’hui de Terreur du tiers-Etat, lorsqu’il s’obstina à dénaturer le gouvernement monarchique , dans l’espoir d’a- méliorer sa condition. II n’est pas un seul homme sensé dans cet ordre , qui ne sente présentement tout ce qu il a perdu. L’aristocratie de la noblesse étoit une désignation vuide de sens, puisque la noblesse de France ne formoit aucun corps, &puisqu’elle n’avoit aucune part eflentielle & privilégiée à Tadministration du royaume. Le mérite plus que la nais. sauce, portoit au superbe poste d’inten» l 58 fiant les subdélégués, les sécrétasses, & tout ce qui tenoit au département de ces intendans. Toutes les jurisdictions de première instance, se composoient des membres du tiers - Etat. Ceux-ci étoient aisément admis dans les sept huitièmes des tribunaux du royaume. Les places de greffier, de procureur, de notaire, de tabellion , places lucratives n’étoient point exercées par la noblesse. Les commissaires des guerres, les fermiers, les receveurs, les trésoriers généraux, eníin, tous les nombreux employés de la finance étoient du haut tiers-Etat. Toutes les cures, la plupart des canoni- cats, les richesses du clergé régulier ali- mentoient des citoyens dont on n’exi- geoit aucunes preuves de noblesse. Il u'en salloit pas pour arriver aux dignités de la plupart des chapitres des cathédrales. Rien ne fermoit à la vertu & aux talens l'accès à l’épiscopat. Le commerce du royaume appartcnoit exclusivement au tiers-Etat, parce que le défaut de capitaux & les préjugés avoient empêché que 59 5 la noblesse ne profitât des ordonnances de Louis XIV & de Louis XV, qui permettent à cet ordre le commerce en gros , & les spéculations maritimes. Toutes les compagnies chargées des approvisionnemens , tant des armées de terre que de mer , étoieut formées par des membres du tiers-Etat. II en étoit de même de tous les bureaux de la grande, de la petite chancellerie , & des bureaux des sécréta ires d’Etat. Excepté les premiers emplois de la cour , des milliers de commensaux du souverain n’étoient pas gentilshommes. Les rois de France ont de tout temps tiré plus de ministres du tiers-Etat que de la noblesse, & les ministres nés gentilshommes, que le mérite ou la faveur élevoient en dignité , étoient d’après l’ordre des choses plus ou moins dominés par des membres du tiers-Etat. L’homme de mérite, appréciant les talens de ses premiers commis, se livroit nécessairement à leur expérien. çe , & donnoit sa confiance à des hommes qui lui en paroissoient dignes. L’homme l 6° } au-dessous de fa place , malgré toute la présomption de la médiocrité, tie pou- voit se paíler d’anciens travailleurs qui tcnoicnt dans leurs mains le fil de Tad- ministration. Amsi, de tous côtés, le tiers- ittat joignoit aux moyens de s’enrichir toute Tautorité du gouvernement ; ainsi, cet ordre par son influence & son pouvoir , étoit devenu principalement responsable des abus de l’administration ; & lorfqu’un peuple aveuglé crioit toile contre la noblesse, & vive h tiers-Etat, il lan- ^oit un injuste anathème sur les défenseurs de la patrie, & bénidoit une classe de citoyens dans laquelle se trou- voient des hommes qui s’étoient le plus écartés des bienfaisantes intentions d u roi. Un ouvrage qui parut dans le mois de mars 1789, 1 } ouvrage qu’on ne voulut pas lire , parce qu’il ne caressent pas la folie O Voyez lettre d’Armand de Chapt de Kastignac à messieurs du tiers-Etat. Paris 2; mars iyg E 66 vocat qui par son éloquence avoir fait triompher le bon droit, étoit mille sois plus considéré dans la société, que ne le sont aujourd’hui tous les municipaux , tous les employés de la révolution, élevés à ces emplois par une fantaisie populaire qui souvent tourne contre eux le lendemain de leur élection. Les Target, les Bailli, les Camus , les Lafayette , les Treillard, les Montesquiou , lesDumou- rier , mal-adroits ambitieux, si déconcertés en ce moment, avoient chacun dans leur sphere une existence heureuse. Lorsque l’autorité royale assuroit la tranquillité de leur état, elle leur permettoit de se livrer à tous les calculs d’une louable ambition; chaque membre de la noblesse mouvoir quelqu’appui , chaque membre du haut tiers voyoit plus ou moins de quelle manière avanceroit la fortune de fa famille. Si l’injustice d’un ministre nuisoit à quelques sujets du roi, que de moyens n’avoit - on pas de se tirer de peine ! Le successeur de ce ministre étoit ordinaire'* §7 tnent favorable à sopprimé, quarid ce rseut même été que par esprit de contradiction , & par le désir de faire la satyre de 'administration de son prédécesseur. Enfin les abus d’autorité exercés par un individu , ne font pas fans appel, comme ceux qui dérivent d’un décret rendu à la majorité d’hommes ou achetés ou séduits par fart d’un insidieux orateur s I . i M. Necker en parlant de l’accumulation des pouvoirs dans l’Assemblée Nationale s'exprime ainsi “Ah ! si l’on appelle libre un pays j, fous le joug absolu d’une telle puissance , íì 3, l’on appelle libre un pays où la sûreté des pér- 3, sonnes, le respect pour les propriétés , le main- 33 tien de la tranquillité publique dépendent du talent d’un orateur, & du moment qu’il a i’arc 33 de choisir pour entraîner les suffrages ; si l’on „ appctle libre un pays où il n’existe aucune 3, balance d’autoricé, où le pouvoir exécutif n’eít 3, qu’un vain nom, où ses droits ne font plus „ qu’une supposition , où l’opinion des sages n’a „ plus de crédit, où la religion n’a plus d’em- j, pire, où les mœurs même réimposent aucune „ loi 3 si l’on appelle libre un gouvernement Ë ij 68 } Quel est le ministre , tel despotique qu’on veuille le supposer, qui eùt prononcé les décisions émanées de l'Assern- blée Nationale ? Quel étoit fintendant assez osé pour ordonner de par le Roi, ce que commandent journellement les districts & les départemens ? Avant la révolution on avoit à se plaindre de ce que les hommes n’étoient pas des dieux , de ce que quelques-uns abu- soient de leur autorité; mais que de précautions n’avoient - ils pas à prendre pour s’assurer l’impunité de ces abus? Combien les abus véritablement criants étoient- ils rares? Combien n’étoit-il pas au contraire certain que l’enfemble ries citoyens étoit tranquille dans ses foyers, dans ses fonctions , & que lorsque l’un d eux s’étoit élevé en grade ou en fortune , il jouissoit solidement des avantages dus à fa bonne „ ains composé; il faut n’avoir aucune idée des ,, premiers principes de l’organií’ation sociale }í . Du pouvoir exécutifs page f 6g 1 conduite , ou même à son adresse? I! éíoífc aisé de recueillir les faits qui eussent dévoué h la haine publique les ministres qui, depuis l’avénement de Louis XVI, avoient disposé des ordres arbitraires. Personne ne croira qu'en renversant la Bastille, on ait eu Ja modération d'épargner leur réputation. Cependant il n’a paru rien de circonstancié ni de prouvé, à l’appui des cris lancés vaguement contre le despotisme. On s’est borné à dire de ces ministres qu’ils étoient des monstres , parcs qu’ils étoient les serviteurs de la royauté , comme on a fait depuis à leur maître un crime d’être roi. Louis XI, durant touc son régné , sacrifia moins de malheureux à fa sombre politique, que le tribunal révolutionnaire n’envoya d’hommes à la mort dans un seul jour. t Ses atroces décisions sem- 1 La barbarie de ce tribunal tious rappelle ce grand & terrible tableau que nous faic Tacite de la situation de Rome. Jacuit immensa Jì rages omnis sex us, omnis eetas ; ìnluflre r, ignobi- E iij s 72 blables auxLoix deDracon , ne font pas écrites avec de l’encre , mais avec du sang. On observera peut-être que nos ancêtres n’ont pas mieux valu que nous , & que les massacres du 2 septembre, n’ont encore été qu’une odieuse imitation des horreurs du quinzième siecle. Sans doute que les ordres sanguinaires du monstre Péthion , les difperfî, aut àggerati ncque propiaquis , aut amicis adfiflere , inlacrymare , ne vijere qui- dem diutiùs , dabatur ;sed circumjeóíi euftodes , U in mœrorem cujufquc inlenti , caxpora putre- facía adfcSíabantur , dùm in Tiberim trahercn . tur ubi fiuitantia , aut ripis adpuìja , non cre- mare quifquam , non contingcrc. Intcrddcrat sortis humana c^mmercìum vi metîisquantum- quesdvitia glijeeret, miseratio arccbatur . Rome fut jonchée de morts , hommes, enfans, grands Sc petits , entassés ou dispersés ; les parens, les. amis n’osoient les consoler, les pleurer & presque les voir; par - tout des gardes épioient la douleur publique , & ne quittoient les cadavres qu’aux bords du Tibre où ils les jettoient ; fì le flot les ramenoit, on craignoit de les brûler, de les toucher. L’humanité sédo’t à la terreur, & la pitié à la barbarie. ?ï nous. retracent la lâche condescendance de ce prévôt de Paris qui, en 141&, d i foi t de même à la populace Mes amis , faiees ce qu il vous plaira 1 . Mais ces. 1 “Ce dpc de Bourgogne fit publier parla „ ville , qu'il vouloit la paix £? le bien du „ royaume, N contendoìt à chajser hon , les j, ennemis . N ejìrangers qui mal avoient gou- verne U Roi U k Dauphin, fëfc. Assez tôt „ après le commun de Paris fit esniotion, & ,z s'amassa grande assemblée de menues gens qui „ allerent aux prisons, où ils tuerent tous les „ prisonniers. Là, fut tue le comte d’Armagnac , j, Raymonet de la Guerre, le chancelier &plu- 3, sieurs autres grands seigneurs. Mémoires de 3, Pierre de Fenin, 33 Quand le prévost vitqu’ils étoient {ces mê- 3, mes gens, ainsi échauffés de la fanlce ire qui „ les menoit, il n’osa plus parler de raison , de M .pitié, ni de justice, & il leur dit mes amis, 3, faites ce qu’il vous plaira , & tant tuerent de ,3 gens à Paris, que hommes, que femmes, de- „ puis cette heure de minuit jusqu'au lende- ,3 main douze heures , qu’íls furent nombrés. „ mille cinq cents dix-huit. 33 Journal de Paris.. j page 41 3 année 1418-. E 72 abominations ne se commirent que paree qu alors la rébellion désoloit de toutes parts un royaume , dont le roi tombé eu démence, ne pouvoit faire exécuter les loix. { i . Nous savons aussi , que pour égarer plus L’histoire chronologique de Charles VI, porte les tués & noyés a trois mille, ajoutant ces mots “ Car si un homme étoit haï, son ennemi ,, le Faisoic tuer en ce temps, fous ombre d’étre ,3 de la partie du Loi & du comte d’Arma- » gnac. „ i II est remarquable que malgré les troubles de ce temps, malgré la corruption qui s’in- troduilìt en f rance fous le régné de Charles VI, ce qui fit appeller ce régné le tombeau des mœurs i enfin, malgré tous Jes fléaux qui accableront ce royaume , depuis f époque de sa démence; ce prince ;,e ! ailla pas d'être chéri du peuple, qui lui confirma à ses funérailles le titre de fíien - aime, qu'il lui avoit donné, lorsju’il monta fur !e trône; tant la bonté & îa générosité de son crour étoient connues , & tant on étoit perluade qn il n’étoit que í’occafion , & non la cause des malheurs publics ! Ait devc'ri- jter les dates , tome premier , page 612. f 73 ì sûrement la nation , on a vu depuis îa révolution circuler parmi tant d’autres écrits atroces , l’ouvrage intitulé les cri. mes des Rois. A chaque feuille , la calomnie change en forfaits nombre d’actions dont les historiens les plus véridiques ont consacré l’équité. Nos rois ont été des mortels soumis à l’empire des passions. Nous ne lustifie- rons pas Charles IX d’avoir ordonné le massacre de la S. Barthelemi ; mais une vérité bien humiliante peur l'humanité, c’cst que les crimes que l’on peut imputer aux rois de France , disparussent fous la masse effrayante des crimes du peuple français ; particulièrement des crimes légitimés par 1 Assemblée Nationale, crimes commis à Paris , à Avignon , dans toutes les parties du royaume, su nom de la constitution. Et l’on nous parle encore en faveur de cette constitution , de ce faux germe étouffé dès fa naissance , que chaque factieux interprétois à fa guise, & qui loin de pouvoir assurer le bonheur de vingt-quatre w il- 74 ì lions dffiommes , ne conviendroit pas ïRc-me à une foible peuplade , comme la république de S. Marin. Supposons cependant que cette; constitution provoquée par l'orgueil, la déraison & la cupidité pût .renaître & s'établir ; voyous li les résultats ne devroieni» pas être absolument opposés à ceux que Les partisans s’en promettoient. La démo- eratie déclara une guerre à mort à l'aristocratie qui n’existoit pas. On voit plus que jamais nue ce n’étoit qu’un sobriquet donné , comme autrefois on voulut distinguer les Guelpbes & les Gibelins, puisque n ce moment tout qui u'est pas jans - culotte, est aristocrate. .Mais admettons qu’on put faire aller tni instant le gouvernement constitutionnel des armées 17891,90 & pi ; que mémo en en corrigeant les plus insoutenables défauts , en donnant au pouvoir exécutif ì’autorité suffisante pour f exercice des loix, on retrouvât le squelette , l’appa- rencc d’une administration ; qu’arrive-, tait- il alors ? Auffi-tôt que ,, jans nulla 75 difìnBion tous les citoyens feraient admissibles aux places & emplois civils & militaires i , ne serok-ii pas naturel que la noblesse renonçât pour toujours à servir dans les armées? Nous entendrons déformais par noblesse , tout homme vivant noblement, & jouissant d’une soi tune aisée; or, bien certainement cette classe de citoyens ne verroit rien qui Tappcllât à une profession dont les dangers, dont les fatigues , dont les gênes, dont la m o, notonie en temps de paix , ne seroieut plus compensés par Thonnenr attaché ciel e va n t à Tétât d'officicr. Dès-lors , toutes les places lucratives qu’occupoient fous Taucien régime les membres du Tiers- Etat ,• places qui furent multipliées à l’in- ítni fous le régime constitutionnel, fe- roient bientôt briguées & obtenues par des membres de l’ancienne noblesse restés propriétaires des grandes terres. Ces i Titre premier, article premiet de la Constitution. 76 anciens nobles , quoique privés de leurs titres honorifiques , donneroìent par-tout i’exclusion à cette nombreuse partie du Tiers-Etat qui, fans être riche cle patrimoine , parvenoit cì-devant aux emplois indiqués plus haut. A la fuite des noms illustres , arriveroient les nobles qui, depuis un íiecle ou deux , ont acquis des possessions. Tous ces propriétaires qui , malgré leurs richesses, n’étoicnt gueres employés dans l’administtation intérieure du royaume, prendroientaujourd'hui un autre essor , s’ouvriroient infailliblement une autre carrière , parce que l’épuife- ment des finances, le discrédit des papiers publics , feroieot que de nécessité ler possesseurs des terres deviendroient presque les seuls capitalistes du royaume ; alors , combien ne leur feroit-il pas aisé de fe rendre maîtres des élections , comme le font en Angleterre les seigneurs qui , par les sommes q u'ils donnent, & par l’influence qu'ils fe procurent, placent qui ils veulent dans la chambre des communes ? 77 Quand même il seroit poíïìble qu’une révision de la constitution confirmât le ridicule décret qui enleve les dignités héréditaires , pourroit-on empêcher que malgré les sophismes des rhéteurs, la nation revenue à elle - même , & détrompée de toutes les illusions qui l’égarent, ne rendit à des Montmorency , des Rieux , i des Mortcmart, des Latrimouille , des Sire-de-Pont, des Tonnerre , ces respects dictés par l’habitude & par des souvenirs qui rappellent les plus belles époques des annales de la France ? Des torrens formés par des orages passagers , renversent par fois les monumens les plus solides ; mais ils ne peuvent empêcher que les fleuves antiques ne reçoivent les tributs des eaux du ciel & de la terre. Les Thouret, les Barnave , les Cha- i En plaçant id M M. de Rieux immédiatement après le nom de Montmorency, on s’elt conformé à la décision qui eut lieu en 1547, au sacre d 11 roi Henri II. Voyez les Mémoires du maréchal de Villevieílle. ?8 r Relier sont déjà rentrés dant le néant j ainsi tomberont leurs scélérats successeurs; après avoir bouillonné avec fracas, ils sq dessécheront comme le limon qui ne laisie après lui que sa fétidité. Au plus fort de la démocratie, n’avons- nous pas vu les Assemblées Nationales employer, tant qu’il a été possible, à la tête des troupes , tous ceux des nobles qui ont eu la lâcheté de servir les rebelles ? Le paysan est fatigué de l’activité qu’on lui a donnée; le laboureur ne Test pas moins de se voir dans la dépendance de ceux qu’il est forcé d’ctnployer. Le bourgeois à qui ii reste du bon sens, est intérieurement révolté de Tineptie , des vices & de la bassesse des gens qui le commandent. Le retour des seigneurs dans leurs terres fera un jour de fête pour les habitans des villages, parce qu’il leur rendra l’espoird’une existence moins malheureuse. Le journalier aimera mieux gagner un foible salaire sans sortir de sa paroisse, que de quitter malgré lui sir maison pour s’aller battre. Le fermier, ’ 79 s il s’est bien conduit envers fou àncicA propriétaire , fera íìer de le revoir. Celui 'qui aura abusé des circonstances , pourra compter fur une indulgence q'ue l’intérôï rendra nécessaire. Enfin , la légèreté da caractère français d’accord avec les préjugés de tant de fiecles, offrirait aux nobles possession nés cf amples moyens d c fe faire bien recevoir, s’ils rentraient en France pour y vivre fous le régime modifié de la constitution de 17ÌJ2. II leur servit aisé dc mettre à profit le retOilr d une juste bienveillance de la part dtï peuple , pour se procurer alors dans leurs provinces tout le crédit que leur enlevoiì celui d’un subdélégúé , d’un receveur des impositions. Ainli renaîtrait facilement un nouvel ordre de choses. La haute noblesse briguerait en vertu de la constitution les places de maires dans les villes les plus importantes , en fe faisant ces créatures, en achetant des suffrages; elle fe soutiendrait dans ces emplois , tout aussi bien que l’on voit dans les cantons populaires de la Suisse , des électìoss l 82 feulement pour la forme , confirmer d’é* poque en époque les fils ,petit-fils , arriere- petits-fils des familles qui gouvernent, ainsi que cela fe voit auffi dans la plupart des villes impériales , où le peuple elì opprimé par une légion d’administra- teurs. Alors ou placeroit ses parons , fes amis , dans les postes qui dépendroient des premieres magistratures ; & s’il falloit, pour y parvenir, un scrutin , encore avec de l'argent on arriveroit à fes fins. Dans }a fuite les possesseurs de terres pourroient avoir pour concurrens les riches négo- cians ; ceux-ci ne tarderoient pas à sentir qu i! seroic difficile de veiller à la fois , ail commerce & à ['administration. Mais de toutes maniérés nous devrions à rétablissement de la constitution de 1791 la plus redoutable des aristocraties , celle des gens riches. 1 1 „ La classe aisée qui ne travaille pas , „ ía classe opulente deviendroit la maîtresse ,, suprême Jes assemblées ; & par un excès de „ démocratie, vous verriez nécesláirement s’éle- C’est 8t C’est aîors que nombre Je citoyens sentiroient encore mieux combien on s’est abusé , lorsque la jalousie des stériles titres de noblesse a provoqué ún système d’éga- îité , qui Fait qúe, dans le tienétat , des milliers d’hommes distingués font redescendus au niveau de la lie du peuple. Les anciennes familles n’tìnt point cette dégradation à craindre ; tout bon gentilhomme pourra toujours dire à ses enta n s comme Montgommery aux siens » qu'il consentoit de bon cœur à íartêt qui les privait de la noblesse , s'ils ne faijbient pas des aidions qui les en pussent relever ; mais que là où ils succéderaient à la venu de leurs ancêtres , il n y avoit pas de puijsànce au monde qui les empêchai de succéder à leur noblesse. Si terreur dans laquelle font tombés j, ver un genre d’ariílocratie bien terrible, Tarif- 3, tocratie presque absolue des riches. Opinion. j, de Robert , membre de la Convention natiò- 3, nale. Voyez !e Moniteur, No. 117, du 27 » avril 1793. F l 82 des ambitieux, n'eût conduit qu'à la punition d’une vanité mal entendue, si des mouvemens excités par elle il réful- toit une constitution propre à faire le bonheur de la plus grande partie des ha- bitans de la France , tout bon citoyen Jionnête devroit préférer le bien public à des considérations particulières, & les propriétaires nobles , ou réputés tels , seroient fondés à voir avec satisfaction statuer un gouvernement qui raméneroit les notables français aux dignités & à i’au- torité qu’ils avôient dans les premiers temps de la monarchie. Nous avons indiqué comment ils fe retrouveroient fous les noms de maire , de procureur de la commune, de président , de membres de district & de département, saisis de fait des fonctions qu’exercoient autrefois, les miss, les grafions^ les centeniers, les dixainiers , les rachimbourgs , les feabins. Comme autrefois aussi ces notables se rendroient bientôt si permanens dans les places électives , que nous verrions , a u détriment de l’aiuorité du souverain & l 8Z î Ze la félicité da peuple, renaître iticef* sammentles usurpations d’autorité , dont naquit le régime féodah II n’existe nulle part de véritable démocratie. i L’égalité ne peut subsister entre les hommes ; elle est détruite par la différence des forces physiques; elle est bien plus détruite par la différence des facultés mmales. Les Etats-Unis de l'Ainerique, où nos Français ont été prendre les idées d une liberté dégénérée dans la plus horrible licence, ces Etats, dont la constitution éprouvera plus d un changement, la ces Etats peuplés des i II n’a jamais existé de véritable démo- ^ cratie , & il n’en existera jamais. II est contre j, l’ordre naturel que le grand nombre gouverne j, & que lé petit soit gouverné. On ne peutima* j, giner que le peuple reste incessamment assem- „ blé pour vaquer aux affaires publiques ; & ,, l’on voit aisément qu’il ne sautoir établir pour „ cela des commissions fans que la forme de l’administration change. Contrat social de Rousseau, page iiç. 2 Le ministre d’une grande puissance écrl. F 4 i 84 } émigrations de l’Europe, & dans lesquels le temps n’a pas permis qu’il se formât encore de ces familles prépondérantes par l’ancienneté des services rendus à la patrie , enfin ces Etats , dont les gouver- nemens font plus démocrates en apparence qu’en réalité , ne voient-ils pas déjà parmi eux des distinctions bien prononcées, & qui de jour en jour établiront une ligne plus marquée de citoyen à voit deNewyork en juin 5789 „ Je fuis bien loin „ de l’enthousiasme , en jugeant les objets qui ,, m’environnent, & je ne trouve aucune raison „ de céder à la prétention qu’ont la plupart des „ Américains & leurs admirateurs, quand ils ,, affirment que ces Etats surpassent en politique „ & en philosophie tous les peuples anciens & „ modernes. Quoi qu’il en soit de ces préten- „ tions, le vrai est que ces Américains ont été „ jusqu’à présent sans gouvernement, quoiqu’ils „ en soient déjà à la seconde forme. Je regarde , comme un spectacle curieux les obstacles qu’ils „ éprouvent à l’organisaíion du nouveau gou- „ vernement. II y a loin des projets à l’exésu- „ à. „ §5 îtoyen ? {i C’est donc en vain que noí novateurs ont porté jufqu’à Ja puérilité leur fureur contre la qualification de noble. II existera dans tous les pays des gens qui, étant riches, se rendront puissans, des gens qui, étant vertueux, se rendront illustres , enfin tel homme qui étant digne d’être connu , ce que les anciens nom- merent nosdbilis,&. par abréviation nobilis, aura dans fa patrie cette prépondérance qui conduit, dans toutes les associations, à des prééminences. 11 existe de ces prééminences fur toute la surface de l’Europe. Elles font excessivement prononcées en Asie on les trouve en Afrique , en Amérique ; & les voyageurs autour du monde i Une division de la marine royale de France étant à Boston en 17L8 ou 17x9, les officiers donnerent un bal à bord des vaisseaux, & furent très-surpris d’apprendre que les femmes d’hono- rables n’iroient point à une fête où elles scroient exposées à rencontrer d’autres dames dont le* maris n'avoient pas le même titre que les leurs, eu au moins celui d’écuyer. F z c Z6 > ont observé des castes privilégiées parmi les insulaires de la mer du sud. A Othaúi les rang* font marqués par des distinctions frappante* ; les inférieurs y ont de grands égards pour leurs supérieurs. II y a fies seigneurs cîe cantons. II seroit aisé d’appuyer par des rap- prochemens pris dans l'histoire, ce qui Autorise à penser que, st le régime cons* titntiounel se rétablissait, ce .seroit l’an* cienne & même la nouvelle noblesse dit royaume qui, sous une autre dénomination , s’empareroit de toutes les dignités, du maniement de tontes les affaires, & qui feule profìteroit d’une révolution dont le Tiers-Etat se promettoit tant d’avantages. M us, encore une fois, il est plus essentiel d’examiner si le bonheur du royaume, si fa tranquillité , si fa grandeur dans h paix, si fa fureté dans la guerre , serment les résultats de ce nouvel oidre de choses. Il faudroit voir si qua- rante-qtiatre mille maires , si les nombreux membres de tous les dépnrtemens, si les de districts, choisis infaillible* 87 ment parmi des personnages riches ou des familles considérables, ne seroient pas gémir la nation fous cette cohorte de vrais aristocrates intéressés à fe soutenir, à consolider, à perpétuer leur autorité. Les Danois, après avoir long-temps souffert les outrages, les vexations, les exigeances insoutenables des seigneurs qui les opprimoient, & qui réduisoient à rien f autorité royale , ne virent d’autre moyen d’améliorer leur condition , qu’en offrant a leur souverain une autorité sans bornes. Le premier article de la loi de 1665, promulguée à la fuite de cette étonnante révolution, dit, que tous Us rois héréditaires de Danneniarck & de Nord- wege doivent être regardés par leurs sujets comme un chef au - dejfus de toutes les lois humaines , & qui , en matière religieuse ou civile , ne connoít point d’autre juge que Dieu. On a peine à comprendre comment une nation a pu de son propre mouvement jurer de se soumettre à un pouvoir aussi illimité , à une volonté dont rien ne balancé les décisions arbitraires. U n’ea F 4 88 est pas moins vrai que ce n’est qu’à dater de cette époque que le Danois a vécu fous* un gouvernement plus doux , que le commerce a commencé à y fleurir % que les arts vinrent embellir la capitale & les autres villes du royaume, que de tous côtés la culture s’étendit & se boni-, fia, & que le Dannemarck présenta à l’Europe une marine vraiment respeétable & dont les établiffemens font superbes. Plus de cent années font révolues depuis que les Da nuis se trouvent bien d’un. gouvernement qui les met à la merci des caprices d’un maître. Cela est, & cela se peut, parce que le despotisme d’un souverain ne lui donne pas, à beaucoup près, une autorité si effective, qu’elle paroît absolue. II y a mille ménagemens à garder qui lui font dictés , soit par le besoin d’être aimé, soit par un esprit de justice , soit enfin par la crainte d’être viétime dune révolution. Le despotisme exercé par une réunion d’siommes investis de f autorité , est bien plus terrible & plus absurde, joint à ce que les assemblée.^ { 89 d’une nation qui posscde plusieurs gran. clés provinces ne font nullement propres à l’éclairer fur ses vrais intérêts. Tout fe voit dans ces assemblées d’une maniéré trop confuse , trop sommaire , trop indéterminée. " La volonté générale y est y, réellement muette. La plupart des dé. „ putés, guidés par des motifs secrets, „ n’opinent pas plus comme citoyens , „ que fi l’Etat n'eût jamais existé ; & l’on „ fait passer faussement fous le nom de „ loi des décrets iniques , qui n’ont pour „ but que fintérêt particulier. „ íi. C’est, comme l’a fort bien dit le factieux Ifnard en parlant de la Convention , une machine à décret dans les mains dé une faBlon. Ai n st de la fermentation des passons accumulées sortent des démarches & des décisions qu’un souverain n’oferoit fe permettre , parce qu’il cramdroit une censure , une critique publique , que les assemblées bravent fans la moindre pudeur. 3 1 Contrat social, page ï8i. 2 Un Espagnol, M. le comte d’Ayalg, qui 9 ° Si nous faisons pour un moment l’é- loge d’un gouvernement où le prince se voit. au-dessus des loix , ce n’est pas que nous le souhaitions' pour la France, ce n’est pas qu’il puisse être désirable , ni pour un souverain , ni pour une nation. Notre unique objet est de prouver que Fautorité d’un seul, telle arbitraire qu'elle soit, devient préférable à celle d’assem- blées tumultueuses où d’insolens parvenus , ne professent cet amour violent & fastueux de la liberté , que pour mieux vient de publier un excellent ouvrage intitule De la liberté U de l’égalité des hommes U des citoyens, dit en parlant des deux législateurs qui ont précédé la convention nationale Une as- „ semblée qui ne se respecte pas, qui ne respecte 3, pas l' publique, est le plus cruel, le „ plus détestable de tous les tyrans. Ceux - ci font jj le mal en tremblant, tandis qu’elle le fait dans „ une forte de calme , qui doit causer un frisson- 33 nement de peur & d’horreur aux peuples qui ,3 vivent fous fa domination, & à ceux qui n’en „ font pas séparés par des rochers inaccessibles. 33 Çhaji. 6 . page 160, 9t caclier leur goût pour l’indépendance de toute autorité légitime, où ils ne se courbent devant le peuple quejusqu’au moment où ces ambitieux peuvent donner l’eíïor à leur fureur de dominer i . x Lorsqu’en septembre 1790 , on voulut restreindre la prérogative royale de S. M. Polonaise, un des membres de la diete, le sieur Kie- 7Ìnski, protesta en ces termes “ Si le roi a lu con- M descendance de laisser mettre en délibération ce qui est suffisamment établi par les Pacla „ Connenta , c’estànous à ne point le souffrir, à „ nous fur-tout qui méprisons les factieux, & 3 , qui sommes convaincus par l’expcrience que „ que les prérogatives royales, que le trône, en , 3 un mot, sont le seul & véritable rempart de la „ prospérité publique. Plus les pouvoirs feront 3, divisés, moins le gouvernement aura de nerf, „ L’Etat languira & finira par tomber dans le 33 néant. Craignons les faux amis du peuple qui „ ne veulent avilir la majesté royale que pour pouvoir exercer plus sûrement leur despotisme „ infiniment plus fatal au peuple que celui dq 53 roi le plus absolu. „ j\l. Nççker a écrit il que la puissance immo- l 92 Dans ees derniers temps on a beaucoup cité CharJemague . comme Celui de nos princes qui a le pins associé Tente de fa nation au gouvernement de l’empire. On a été jusqu’a le représenter comme soumettant dans les Champs de Mars à la décision du peuple , tout ce qu’il souhai- toit d'innover dans l’admíniltration. Cependant l’abbé de Mably, auteur claffi- que des révolutionnaires, convient que dans les capitulaires, Charîemagne pre- noit le titre de législateur suprême. Ce même auteur a puisé dans Hincmar un tableau des assemblées de ce temps, qui „ dérée d’une assemblée composée des repiéseru ,, tans de la nation , n’eft pas auffi redoutable que „ le despotisme d’un seul homme, „ Cinq pages plus loin, ils’oublie & nous dit C4 Comment ne ,, seroit-on pas effrayé de l’autorité d’une as- „ semblée qm décide en un moment & sans appel „ de l’honneur, de la fortune & de la liberté des „ citoyens, d’une assemblée qui, en proscrivant „ avec une petite majorité de sufFrases le déve- n loppement des avis préjugés contraires as. 93 } contraste un peu avec la forme tumultueuse & indécente de nos prétendues législatures. L'assemblée , dit Hincmar, qui se tenoit à La fin de Vautomne , après que la campagne ítoìt finie , rìétoìt composte que des seigneurs les plus expérimentés dans les affaires. . On recherchoit la cause des abus prifens , & on travailloit à prévenir les maux qu'on avoit à craindre. Jamais le public né. toit infiruit des vues, des débats, des projets , ni des résolutions de cette assemblée. Un secret inviolable ernpêchoit que les étrangers ne pus- » sentiment de cet f e majorité, assure par sa ty- » rannie sur les opinions, spn despotisme envers w les personnes ? Comment ne feroit - on pas M effrayé del’antorité d’une assemblée qui, fur le s , rapport d’un de ses membres, & fans daigner ,, écouter ni les aeensés, ni leurs défenseurs, remplit les prisons de ses victimes? „ Du pouvoir exécutif ,pag. 347. M. Neckeren nous peignant si au vrai le despotisme de PAflemblée Nationale, auroit bien dû nous expliquer ensuite, en quoi il est moins redoutable que le despotisme d’un seul. 94 fint se précautionner contre les entreprises dont ils étalent menacés, & que dans r intérieur même du royaume , des rnécontens ou des esprits jaloux & inquiets s'opposajsent par leur intrigue au bien public. Eginard , en pariant d’une de ces assemblées, fait dire ces paroles à Charlema- gne J’ai figé au milieu de vous , & f ai pris part à vos délibérations , non - seulement comme témoin , mais encore comme votre roi & votre juge. Le vrai est que Charlemagne comme nous l’a dit Montesquieu tint le pouvoir de la noblesse dans ses limites, empêcha l’oppreffion du clergé & de l’homme libre , mettant un tel tempérament dans les ordres de l’Etat, q u'ils furent contrebalancés, & qu’il resta le maître. Tout fut uni par la force de fón génie ; mais ses successeurs moins habiles & moins fermes ne tardèrent pas à voir que des administrateurs en trop grand nombre, & recevant trop de puissance de leurs emplois , font également nuisibles à la prospérité de l’Etat, & à la nécessaire dignité de son chef. l 95 'Hugues Capet ayant observé que le droit de rendre la justice uni à la profession militaire, avoit été une des causes principales de la chûte des premieres races, ce prince & ses descendans firent en sorte que la noblesse n’eût plus, pour unique occupation que la guerre. Ils la tinrent en activité durant la paix, en favorisant le goût de la chevalerie i , en i “ Les chevaliers qu’on appelloit en latin „ Milites , étoient l’élite non - feulement de la noblesse , niais encore de ceux des sujets qui ,, possédoient les vertus les plus éminentes. Ils „ etoient les plus fermesjoutiens des trônes , les ,, protecteurs desfoibles U desopprime's , la ter- ,, ra/r des brigands , les amis de P ordre U de la ,, police , le fléau de tous les novateurs , U des „ perturbateurs du repos public. Aussi les rois & „ les princes les plus sages se sont-ils toujours ,3 appliqués à les maintenir, en les rappellant ,3 aux anciennes loix. „ Hist. de la noblesse héréditaire , page 282. chap. 17. De cet esprit de chevalerie, il ressortit des traits qui seroient incroyables, fi les historiens les plus dignes de fol ne nous les transinettoient. Tels font les. l 96 Jtìuîtîpliaut les Joûtes & les Tournois, 8é en ne négligeant rien de ce qui pouvoit lui faire abandonner les pénibles fonctions de la judicature. faits de Duguesclin, dont le maréchal d’Enclré- ghen disoit “ Si ce Bertrand ctoît roi de Jéru» j, lalem , tous les Payens ne íeroìent pas capa- j, blés de lui résister. Tels font les faits d’uri Boucicaud, d’un Captai du Buek, qui avec foi» Xante chevaliers, suivis de igo hommes à euX § attaquèrent, mirent en déroute & tuefent fepË mille hommes d’une nombreuse armée de ces Jacquets, qui en ï^g vouloient exterminer la noblesse. L’hrstoire de la maison militaire des rois de France, présente un nombreux catalogue des brillans exploits de nos nobles Français; mais nous observerons qu’ils durent leurs plus écla-j tans succès à leur attachement auX ioix de la chevalerie , à la vénération des jeunes gens pour' leurs anciens, & au respect des gentilshommes pour ces noms illustres qui désignèrent tant d s' héros. Tout noble doit se piquer de se conduire auíîì noblement que qui que ce soit, mais pour le maintien de Tordre, il faut qu’rly ait des grada» lions parmi la noblesse , ainftque dans tout autre' Etat. Les { 97 Les nobles & les prêtres furent rem* placés dans le maniement des affaires publiques, par des hommes de loix, aux- quels la sagesse du gouvernement & l’es- time de leurs contemporains ouvraient également une brillante, une utile carrière. Alors une subordination plus réelle s’établit; les désordres devenus plus rares eurent des suites moins funestes. Les français , fous le regue de Louis VIII, commencèrent à soupçonner qu’il étoit nécessaire Lavoir dans l’Etat Une puissance qui en unit , resserrât & gouvernât par un même esprit toutes les parties divisées. Un sentiment encore confus íaisoit entrevoir le besoin d’un législateur unique. La confiance qu’inspira St. Louis, contribua beaucoup à replacer dans la main du prince, cette puissance législative, dont Charlemágne ávoit st bien usé , & sans laquelle un roi ne peut assurer la tranquillité du royaume. Ce retour de soumission vers le trône n’éprouva aucune opposition , parce qu’on étoit excédé de tontes parts des abus des autorités locales. G 9 * í Ainsi qu’en cc moment, le peuple Français souffre également du silence forcé de ses anciennes loíx, & des ordres arbitraires d’une tourbe innombrable de tyrans. Cependant les seigneurs avoient encore assez de pouvoir pour qu’il nuisît i Voici ce qu’on lit dans une lettre écrite en 178s, où fauteur s’explique avec beaucoup de , véhémence contre les ordres arbitraires “ Lorsque nos rois délivrèrent les provinces du 5, joug des tyrans féodaux, on vit les peuples w accourir avec confiance à l’abri du sceptre pa- „ terne!, en conservant quelques coutumes aux^ „ quelles ils étoîent attachés, & qui ne contra - ,, rioicnt point l’intérét collectif. Par - tout le j, respect pour Jes mœurs appella la raison, l’é- 5, quite, la loi naturelle pour régler l’autoríté & „ l’obéissance. Le souverain eut un pouvoir ab- 5, solu pour protéger & pour conserver... & les „ ujets recouvrèrent une liberté qui n'eut d’au- ,, tre borne que les loix qui defenc’ei ce nuire. 3 , Pendant ce grand ouvrage, en tort lieu, en ,, route cu confiance , nos rois flipulerent pour ï, l’humanire. Quels droits à fa reconnoissance 1 „ Lettre de AL de Lcdtnïoild M. de BergaJTe. C 99 àl’unité d’autorité, sans laquelle j dans M grand pays, rien ne Va au bien. Ce ne fut que fous les derniers regnes où l'on vit les ministres qui concilièrent Je mieux leur attachement à la gloire du souverain, & la connoissancè des vrais intérêts du royaume, travailler avec succès à affoiblir l’autorité des grands vassaux. Us préfenterent à ceux-ci de stériles distinctions j & des décorations en échange de droits utilës. Dans le même temps on accordoit à 1 élite des plébéiens , des emplois dont l’impoitance rendit bientôt leur condition plus solidement avantageuse que celle de la majeure partie des seigneurs; Successivement toutes les places depuis le syndic d*une communauté,à remonter iusqu’aux dépositaires immédiats de la confiance de nos rois, devinrent la récompense de quiconque montra des talçns. Comme nou- savons déjà fait observer, l’éloquence jointe à la probité fit arriver aux premiers emplois de robe & de l’administration. Ainsi le gouvernement se yit aidé de tous côtés par Gij 100 la louable ambition de tous les Rrançals recotnmandab'es, & la noblesse satisfaite d’êtte en quelque forte exclusivement employée à la garde de l’Etat, ne pensit plus à fe mêler de l’administration. Elle envisagea presque comme un crime de félonie , de ne pas fe consacrera la profession des armes; elle n’eut garde de priver sô'n pays de ses plus sûrs défenseurs , elle remplit les armées de cet esprit qui les rendit triomphantes ; elle remplit l’univers dé f éclat de fa valeur. Rien ne se croisoit, ríên ne se confondoit pins; la royauté ét’oït le point central auquel tout abou* tíssoit. L’agrandissement du royaume, la prospérité dont nous le vîmes jouir fut de plus en plus l’heureux résultat d’une balancé sagement tenue. On ne s’avisoit plus de croire qu’après avoir vieilli dans l ? état militaire , on fut prOpre à manier tous les autres ressorts du gouvernement; ressorts nécessairement compliqués dans une vaste machine. On penfoit encore moins qne toute espece d’éducation , que tour genre d'habitude fussent propres à l ÍOI forstier des officiers capables de bien obéir, & de bien commander. Christine de Pi fan rappelle dans ses Mémoires, ce que d st Végece dans son livre de chevalerie Soìi- vent font profitables en bataille, y celle gens ie Commune , quant efl conduit & gouverné joub%_ ordre de bons & nobles chevetains. L’état militaire est celui de tous , où le subalterne ne peut être employé utilement que lorsqu’il est rompu à sacrifier à la discipline , jusqu’à son raisonnement. Mais eu même temps il est de la sagesse de tout bon gouvernement de favoriser des préjugés qui rendent cette obéissance moins pénible à ceux dont il faut l’exiger. Le jeune paysan qui s’engage & qui fuit à la guerre le fils de son seigneur., reçut dès son enfance les impressions d’un respect qu’il témoigne par instinct & par habitude. II ne peut être aussi aisé de lui persuader que le fils d’un plus riche laboureur que son pere doive à force d’argent ou de protection , devenir rapidement son chef. II existe des classés plus relevées dans la société, qui en fob O jij 102 gnant d’avantnge l’éducatiôn de leurs familles , ne letir donnent pas encore celle qni prépare anx qualités militaires. Tous les négocians n’ont pas cette opulence qui permette de rendre lems en fans étrangers à des habitudes entièrement opposées au désintéressement que doit avoir un officier ce ne fera point dans un comptoir qu’il prendra le ton noble mais ferme qu’il doit avoir avec fes soldats; le fils du financier, quelque bonne, quelqu’estimable que soit la conversation de son pere , y entendra rarement ce qui fait l’entretien habituel du fils d’un militaire , si & si l’on a vu des i Quoique depuis uue cinquantaine données, la maniéré d'ènc de la haute finance ne quadre plus avec les satyres de Coileau , il existe encore quelques gens pour qui çes vert furent faits Veux-tu voir tous les grands à ta porte courir, M Dit un pere à son fils, Pont le poil ya fieurir ? M Prends-moi le bon parti, laisse là tous les livres, 35 Cent francs au denier cinq, combien font-ils ? vingt livres, 0 C’est bien dit, vas, tu fais tout ce qu’il fast lavoir 33 » s 1SZ î en fans de magistrats se distinguer par leur bravoure & leur bonne conduite à l’armée , on conviendra cependant qu’il leur falloit une vocation particulière pour réussir dans un état anqueî rien dans leurs entours ne les appelloit. Nous n’adopterons pas l’exagération de ces tactitiens qui veulent nous per. suader qu’il faut même po“ur les grades inférieurs dans le militaire des talens prodigieux; nous croyons plus certainement qu’il faut fe vouera une grande patience & qu’on ne verra, embrasser avec zele cet état, qu’autant que des prérogatives honorifiques feront passer fur les peines journalières qu’il présente. Mais lorsque l’état militaire sera ouvert sans exception à tout le monde , lorsque d’être officier ne donnera plus une place distinguée dans la société , tout emploi dont les fondions ne seront pas viles, & qui vaudra un millier d’écus , fera sûrement préféré à une sous - lieutenance dont la plus forte paye n’approchoit pas à beaucoup près de cent pistoles. Alors les régimens G iv f 104 } ne seront remplis , comme ils le font maintenant, que de gens auxquels les bassesses feront familières, & qui comme à présent seront l’objet de la risée & du mépris de leurs soldats x. Scrvius Tullius connu par son attachement au gouvernement républicain , ne pouvant souffrir que son pays dépendît des caprices de la populace , non content d’avoir fait passer toute l’autoiité dans le corps de la noblesse & des patriciens , ne permit pas à la derniere classe de porter les armes peur la patrie , il falloit avoir des foyers pour obtenir le droit de les défendre 2. Toute la cavalerie fiit r Nos généraux avant le régné de l'égalité n’étoient pas dans le cas d’adresser au gouvernement des plaintes semblables à celles de Dam. pierre, dans fa dépêche du ; niai 179; ,à la convention , où il dit “ que les officiers d'un j, bataillon font devenus invisibles , au moment „ qu’il falloit aller au combat Toutes ces lettres des généraux révoluteurs font fans cesse mention de quelques lâchetés des officiers à leurs prdres. ? Rousseau , contract social, page 203, I2K rangée sous la premiers cla[ft composée des plus riches & des principaux de la ville t . Chez les Egyptiens , les gens de guerre appelles Calasyriens & Hermotibiens , étoient un corps séparé dans l’Etat ; il leur étoit défendu d’exercer d autre métier que celui de la guerre , que les peres ení'ei- gnoient à leurs enfans. Lycurgue ayant extrêmement goûté cet établissement , sépara de même à Sparte les gens de guerre , des autres corps de l'état. Plutar- que nous dit qii’il établit ainsi une république véritablement noble & pure. 2 Nous observerons encore que Lycurgue étoit fi pénétré de la nécessité d’accorder de grandes prérogatives à l’hommede guerre, 1 Révolutions romaines de l’abbé De Vertot, tome i, page 26 . 2 On peut se rappeller aussi la réponse que lit ce sage législateur à quelqu’un qui lui con- seilloit d’établir à Sparte le gouvernement populaire ,afìn que le plus petit eût autant d’autorité que le plus grand. Lycurgue lui tourna le dos après lui avoir dit “ Vas rétablir premièrement chez toi, & nous donne l’exemple io6 } qu’í] statua que le nom d’un mort ne seroit gravé sur son tombeau , que lorsque ce seroit, ou un homme qui auroit péri sous les armes pour le service de son pays , ou une femme consacrée à la religion. Si dans un gouvernement auísi resserré dans ses limites que celui des Lacédé- rooniens, il y eut par la force des choses des différences si marquées entre le spartiate , entre l'habitant de la capitale , entre celui du pays, entre celui-ci & les Llotes & les esclaves, ces différences ne sont- elles pas d’une nécessité bien plus absolue pour le maintien de la tranquillité dans une grande nation? Rien ne va, rien ne conduit au bien , si la puissance politique est également partagée entre les différens citoyens. Quand les bras devront faire ce qui est réservé aux'jambes , la tête se brisera contre terre , & toute la machine périra. Sparte , en distribuant également des terres à des citoyens, les fit cultiver par des esclaves. Rome en usa de même; ie ^07 citoyen romain étoit libre , mais ton t cc joyaux dont elle avoit été dépouillée. Si les bornes qu’on s’est marqué dans cet ouvrage, permettoient d’exposer ici tout ce qui démontre incontestablement qu’il n’est point de propriétés plus respectables que celles du clergé , les personnes les plus persuadées qu’il étoit raisonnable des’emparer des biens de l’église , revien- droient à sentir que la justice, la politique & l’avantage de l’Etat exigent également qu’on restitue aux évêques & aux curés tout ce qui jfournissoit à leur subsistance & ce qui formoit le patrimoine des pauvres ; mais alors on fe retranche- roit fur la néceffité de détruire les ordres religieux , pour puiser dans leur fortune les ressources dont f Etat a. si indifpensa- biement besoin. 11 est certain qu’au premier aspect , les monastères ne paroissent pas offrir ni à la religion , ni à la société , les mêmes avantages que ceux qu elle retire du clergé séculier. Les moines , en apparence , ne font bons qu’à eux seuls ; un petit nombre desservent les cures ; la majeure partie d’entr’eii'X , reste dans Hmérieur det C *49 5 cloîtres; mais e’est peut-être moins la faute des ordres religieux que celle du gouvernement, si depuis long-temps on n’apas tiré de ces cénobites tout l’avan- tage qu’ils pou voient offrir. Cependant la situation de la plupart de leurs maisons presentoit déjà un de ces avantages qu’ou n’a su apprécier qu’après la destruction des ordres monastiques. Les villes au- roient encore plus englouti les richesses des campagnes , si des abbayes , dans des vallées à l’écart des grandes routes, n’eus- sent établi des points de consommation qui se trou voient en défaut par-tout ailleurs, où les riches propriétaires tiroient les revenus de leurs terres, pour allerles dépenser dans les capitales. Quand fut - il plus nécessaire de s’oecu- per sérieusement de l’éducation , qu’à une époque où les mœurs font arrivées au dernier degré de perversité ? Nous avons souvent entendu dire dans la société, avant que la révolution n’eût fait professer l’athéisme, que s’il n’y avoit pas de religion, il en faudroit faire une pour K iij le peuple. Aujourd’hui fq raison jk l’ex-* périence commandent bien plus décisi- vement de rappeller les hommes à une croyance à la fois consolante , & le plus grand frein du vice i. On sentira com-. bien en ce moment il sera difficile de trouver parmi les savans , assez de per> sonnes qui joignent à l’art d’enseigner les belles-lettres, ces vrais & purs principes de la religion. D’ailleurs, si comme il faut l’espérer, il se rencontre des laïcs sages & instruits qui n’aient point donné , i Rousseau , si souvent cité par nos révolu- teurs , dit en parlant de l’Evangile “ Sa sain- „ teté parle à non cœur ; voyez les livres des ,, philosophes avec toute leur pompe, qu’ils sont ,, petits près de celui-là! Se peut-il qu'un livre „ à la fois si sublime & si simple , soit l’ouvrage „ des hommes?. .. Où Jésus ayoit-il pris cette „ morale élevée & pure, dont lui seul a donné „ les leçons & l’exemple? .. . Ce n’est pas ainsi „ qu on invente ; & les faits de Socrate dont „ personne ne doute, sont moins attestés que „ ceux de Jésus-Christ. „ Emile, tome III, page 147 & suiy. édit. de Geneve ,en 1780, 151 ! à tête baissée , dans les erreurs & les horreurs de la révolution , le gouvernement aura un tel besoin de ces sujets fi précieux à retrouver , qu’on ne pourra guçres se priver de leurs talens pour l’ tion , & qu’on ne les renfermera pas dans l’enceinte des colleges. Asm que ces collèges répondent à ce qu’on doit s’en promettre , il faut donc que les instituteurs y soient eux - mêmes contenus par une subordination, & des réglés qui ne font bien connues que dans les conventualités- Si l’on veut être de bon ne-soi, on ne niera pas que la suppreíïion des jésuites avoit fait un tort prodigieux à renseignement public, parce que les instituteurs qui les ont remplacés , ne dépendantpoint d’un ordre, n'ayant point l’amour-propre , ni les ménagemens que donne l’es- prit de corps, se respecloient beaucoup moins que des religieux. Lorsque ceux-ci se conduisoient mal dans un college , ils n'étoient pas quittes pour l’abandonner ; des punitions les suivoient par - tout où les renvoyoient des supérieurs quiconser» K iv 15 * VOÏent sur eux une autorité perpétuelle. Les colleges qui, après la destruction des jésuites , ont obtenu le plus de considération , sont précisément ceux où les professeurs & les régens étoient des religieux. Une fois que Tordre se rétablira , on ne dira plus, comme un Lequinio Qu il ne saut pas jouiller Venseignement public par des opinions religieuses. On ne souffrira plus qu’on ose annoncer que le peuple sera le seul Dieu , qu’il ne doit pas y en Avoir d’autre i . Pensée barbare autant i Au milieu de toutes les horreurs qui se débitent & sc font journellement à la commune de Paris, ce réceptacle des plus monstrueuses conceptions, un de nos scélérats , nommé Chau- mette , a osé dire hautement, & sans contradiction de personne “II faut un jour de repos aux ,, citoyens. II faut un Dimanche ; mais il ne faut ,, pas que le dimanche soit souillé par des su- ,, perstitions. Nous aurons des fêtes fans doute, „ mais des fêtes morales. Nous célébrerons les „ épouses & les meres ; sur-tout les meres qui „ nourrissent leurs enfans. Nous aurons des fêtes ,, civiques; le 10 août, nous aurons un rassenu 153 que folle; pensée que l’histoire de toutes les nations ne présenta jamais. Avant d’être éclairées par les lumières de l’évan- gile , elles eurent un tel besoin d’adorer un être supérieur , qu’on les vit rendre un culte à des dieux qui présidèrent à toutes leurs íonétions. Un homme d’es- prit a dit, en parlant de l'homme Pour avoir des amis, il se créa des dieux. Sur la cime des monts habita POréade ; Tout bois eut ses Sylvains , tout ruisseau fa Nayade. IVT. Bossuet, en parlant de ce penchant à révérer des êtres inconnus, dit, au sujet des peuples idolâtres , che £ eux tout étoit Dieu , excepté Dieu lui-même. Mais jamais l’idolâtrie n’inspira la grotesque fantaisie de transformer en Divinité des forts de la halle, des poissardes & tous les rassemblemens de bandits. Une fois que la persuasive voix de la raison aura étouffé tous les cris insensés , profanes „ blement, & le peuple fera notre Dieu ; il ns „ doit pas yen avoir d’autre. „ Moniteur n“. 1S2, du 11 juin 1793. & coupables , on voudra qu’une religion bien entendue réunisse dans le cœur des enfans , à la piété filiale , un respect profond & salutaire pour toutes les autorités légitimes. A qui pourra-t-on mieux confier ce foin si important, qn’à des religieux qui ont résisté aux offres trompeuses mais séduisantes des chefs de la révolution ? La situation d une grande partie des monastères, & la salubrité de l’air qu’on y respire, rendent ces maisons plus propres qu’aucune autre habitation à y élever j a jeunesse elle n’y retrouvera pas les écueils qu’on a à redouter dans les villes. La dépense des parents y fera toujours moins forte. Les grandes maisons offriront des emplacemens suffisans, pour avoir des équitations, & tous les établísse- mens nécessaires aux exercices des jeunes gens. C’est de cette maniéré & de toute autre qu’on tirera le plus grand parti des monastères , en tournant an profit de l’çtat le dévouement des ministres de la s 155 1 religion. On peut compter plus que jamais de trouver ce dévouement dans ceux qui ont si bien prouvé ce que peut fur l'homme la croyance cfiun Dieu. Quels citoyens eurent une marche plus ferme, plus noble & plus conséquente, que la très-grande majorité de nos ecclésiastiques Français? Tant qu’abusant du nom du roi, l’assem- blée s’en tint à l'injuste envahissement du temporel, le clergé ne s’affligea que d’ê- tre privé de$ moyens d soulager les pauvres. Ce 11e fut que lorsqu on attenta à la pureté du dogme , cc 11e fut que lorsqu’011 exigea un serinent criminel,que nos prêtres dirigés & fortifiés parla conduite de cent vingt évêques , préférèrent la persécution & le martyre , à tout ce qu’on leur promenois , s’ils eussent cessé de penser en ministres du vrai Dieu. 1 1 Lorsque le maire Bailli, s’étant approché du curé de Sainte Marguerite , pour exiger la prestation du ferment, eut usé de tout l’art académique, le respectable ecclésiastique lui répondit “ Vous pouvez rougir ce pavé du sang que „ je suis prêt à verser, plutôt que de manquey i§6 Un corps qui se conduit ainsi , peut répondre victorieusement aux reproches dirigés contre son esprit de corps ; & ce qu’un gouvernement a de mieux à faire , est de le laisser concourir volontairement à tout ce qui sauvera l'Etat, de la ruine où l’a plongé la fureur des factions. Cependant comme cette fureur a malheureusement atteint un certain nombre de membres de l’ancien clergé tant séculier que régulier , il se trouvera plusieurs maisons religieuses qu’oti fera dans l’im- poíïìbilité ou de completter suffisamment, ou même de faire habiter. 11 faudra que ]e clergé séculier recrute parmi les réguliers , pour remplir toutes les cures que fera vaquer le renvoi des schématiques. JParlà, le nombre des moines se trouvera ,, à mon devoir ; mais vous ne ferez jamais rou. „ gir ce front sillonné par les années. „ C’est ce même Bailli qui, déconcerté par la résistance du curé de S. Rocli, lui dit “ Si j’étois „ le seul législateur, votre religion n’existeroit », plus. „ *57 considérablement diminué, & le clergé, soutenu par le gouvernement , trouvera dans la vente de ces biens , les moyens de seconder les bienfaisantes intentions du souverain. i i Ce sera dans le même accord, qu’on s’oc- eupera du fore des couvens de filies. Des religieuses dont la conduite n’a pas été moins belle, moins courageuse que celle du clergé, veilleront plus attentivement que jamais à l’édu'cation de jeunes personnes qu’elles élèveront de nraniere à en faire des femmes respectables, &de bonnes meres de famille. Si la frayeur de fe lier par des vœux, empêche à l’avenir que ces monastères fe soutiennent ou fe relevent tous, plusieurs peuvent offrir le moyen de multiplier des chapitres , où des chanoinesses Cesseront d'être à la charge de parens estimables & pauvres. II y auroit de ces chapitres pour différentes classes 5 mais les filles des nobles dans les uns, celles du tiers-état dans les autres, s’y verroient soumises à une réglé qui seroit tellement conque & surveillée, que jamais ces asyles de la religion ne pourroient présenter un autre degré de -liberté que celle dont jouit une fille de bien, élevée sous les yeux d’une mere attentive & pieuse. t 158 Nous ne dissimulerons pas combien lá restitution des biens enlevés à l’églife, contrariera l’intérêt de nombre de particuliers. On fait qu’en vertu du décret de l’Assemblée Nationale qui abolit les dixmes, elle fit Un présent de soixante & dix millions aux propriétaires laies, & qti’ii y en eut lin d’assez bonne foi pour remercier cette assemblée de lui avoir donné trente mille livres de rente dfe plus.; rentes auxquelles il n’avoit aucun droit , puifqu’il n’avoit acquis ses possessions , ©u qu’il n’en avoit hérité qu’en raison de ce qu’elles étoient grevées de dixmes mais ces dixmes en même temps qu’elles fournissoient i’ahment du clergé tournoient au soulagement de la nation qu’il faudroit imposer au prorata de la somme qu’exigeroit le maintien de 1 â religion >- 1 II est difficile de prévoir ce qui remplace- roit la dixme avec moins de gêne pour le contribuable ; cette redevance est certainement la pius proportionnée aux bienfaits de la nature , k i 59 On porte le nombre des paroisses eii b'rance à 44 mille. L’entretieu des prêtres, fans celui des évêques , & fans compter les autres frais d u culte, a présenté à nos prétendus législateurs une somme de 120,000,000 L. qui les a effrayés après coup. Dans cette circonstance , comme dans bien d’autres , ils ont détruit fans penser à ce qu’il y avoit à mettre à la place de leurs démolitions. Us fe font crus quittes envers une immense quantité de citoyens qu’ils ruinoient, & envers ceux qu’ils alloient gréver de charges indispensables , en disant qu’ils ordonnoient ces abolitions , sauf à aviser aux moyens de subvenir ctune autre manien à la dépense du culte divin , à l'entretien des minijìres des autels , a u soulagement des pauvres , aux réparations & reconstructions des églises, presbytères & d tous les établijsemens , séminaire se paye dans un moment où i’homme qui recueille cent gerbes, est le plus en íicuatiçn d en abandonner dix. í à res , écoles , collèges , hôpitaux , communautés , député, ce fera nous qui répondrons pout „ vous. Soyez fans Inquiétude; nous avons der riere nôus des gens qui nous soutiennent, & 5, qui notis soutiendront puissamment. ,, Alors, quelques souverains cruellement abusés! par des imposteurs, croyoient qu’en allant au* devant des fantaisies du peuple, & en com p tank la noblesse & le clergé peur peu de chose , ils fs lîvroient à une sage mesure , mais fur - tout à une spéculation de finance certaine ; il faut espérer qu’ils auront ouvert les yeux sor ce faux calcul, fi Suadere principi, quod oporteat, multí laboris assentatio ergà principem quemeumque , sineaffectuperagitur. 'lacis, hist. lib. i. i8cs mettre qu’il retournât à son gouverne^ ment d’Irlande , ou de consentir à ce qu’il allât reprendre le commandement de l’armée dans le comté d’Yorck. Charles I, loin de prévoir que son autorité touihoit de Jî prés au terme fatal , lui promit fa pro- tecíion & C assura que le parlement n oserait pas toucher à un seul de fes cheveux. í Louis XVI fut de même induit en erreur, mais elle étoit bien pardonnable. Quel roi fut plus aimé ? quel roi mérita mieux de Tètre! C’est de ce prince qu’on peut dire comme Horace le difoit de Quintilius ïhonneur , la bonne foi, soeur incorruptible de lajujlìce , retrouver ont-elles jamais un mortel qui lui ressemble z ? Mais fi son éloge paroiffoit suspect dans un sujet fidele , fit l’on osoit encore penser que ce prince úe méritât d’être loué que du courage qu’il montra dans les plus horribles crises, i Hume , tome V, page 25 2 ..Cui pudor& justìtiíe soror, „ Incorrupta iides, nudaque Veritas, ,, Quaudò uiiuni inventent parem ? { í8i î {r & qu’Ji conserva dans ses derniers momens ; alors , pour le mieux juger , qu’on se rappelle ce qu’un orateur fameux disoit au parlement d’Angleterre Le roi de France s eji dépouillé d,u fajle & de la pompe de la royauté ; mais il a monté une marine. 11 a réduit le nombre des personnes de son service ; mais il a augmenté celui de ss vaisseaux. II a retranché de son éclat personnel ; mais il a donné à la France des forces navales qui immortaliseront son régné. Son peuple devenu grand & formidable sous fa domination , ne gémit pas fous le fardeau des impôts auxquels il faut ordinairement qu une nation fe soumette pour acquérir de la grandeur & inspirer de la crainte. Voilà de la vraie gloire , voilà de la réputation bien méritée , voilà un régné qui peut élever le nom de i Qui pourroìt oublier, que le 20 juin 1792, lorsqu’au moment d’être massacré , il se trouva un grenadier qui, bien intentionné pour le roi, lui dit " N’ayez pas peur „ Louis XVIlui prit la main, la mit fur son cœur & lui répondit “ il ne bat pas, il ne craint rien, il est pur M iij 55 182 'Louis XF1 amdejjus même du régné fi vante de Henri IF. La France étoit en guerre avec l’An- gleterre, lorsque M. Burck tenoitce langage. Deux après , l’Amérique con- sacroit un monument à la gloire de Louis XVI , & la reconnoiffance gravoit fur l’airain ces mots fi vrais “ Optimq Régi „ Ludovico XVI. Dans le même temps , une ville de France, où la révolimon eut depuis ,-le plus sinistre caractère, plaçoit au pied d’une image chérie , cette inscription ; " A Louis XVI, âgé de 26 ans,,. Déjà notre roi avoit été en Europe f arbitre des plus importantes querelles; déjà il avoit supprimé dans ses domaines toute espece de servitude ; déjà il avoit fait effacer du code criminel tout ce qui se sentoit de la barbarie des siécles passés. On a brisé le marbre où se lisoit Louis de son domaine a banni l’esclavage , A IAmérique , aux mers il rend la liberté , ' i83 Ses loixfont des bienfaits ,fesprojetsfont d’un sages Et la gloire le montre à Vimmortalité'. On ne se rappelle plus , que des pauvres secourus dans un cruel hiver par la vigilante bonté du roi, s’unirent pour donner un essor à leur gratitude. Ils se porterent en foule au Louvre, ils formerent en un instant un obélisque immense; bientôt on y vit attacher cet hommage si lâchement oublié Louis , les indigens que ta bonté'protégé , Ne peuvent t’élever qu un monument de neige ; Mais il plaît davantage à ton cœur généreux , J fie le marbre payé du pain des malheureux. Cette scene touchante se passoit le 2 r janvier 1784. Qui eût pensé alors qu’à pareil jour , neuf ans après , tout un peuple verroit en silence , ou encourageroit par des cris féroces , les meurtriers d’un si bon maître ? Lorsque l’on considéré, que LouisXVI n’eut jamais d’autre occupation que celle de rendre ses sujets heureux ; qu’il en fut respecté & chéri, jusqu’au moment où M iv 184 des factieux communiquèrent leur frénésie à la nation ; i quel est le souverain qui peut se flatter désormais de regner paisiblement, si l’esprit de vertige n’est pas terrassé par la plus grande fermeté ? Bientôt on verroit'les peuples & leurs instigateurs remettre en vigueur cette terrible , cette monstrueuse maxime de J. J, Rousseau , lorsqu’il dit En tout état de catife , un peuple cfl toujours le maître de changer ses loìx , même les meilleures car s il lui plait de Je faire mal à lui-même , qui ef~ ce qui a le. droit de l'en empêcher ? i “ Au milieu du plus beau royaume de „ l’univers , existant avec gloire depuis quatorze „ siécles, se réunirent cout-à-coup cinq ou six „ cents pervers, couverts de crimes & de dettes, ,, dévorés d’arabition , fans conscience, sans reli- „ giort, fans aucune forte de courage, gens in, „ connus ou déshonorés ; & c’est fous leurs pok „ gnards qu’à expiré la monarchie c’est par leur „ volonté que fe brisent nos autels & s’anéantit , 3 la religion de nos pores. „ C’est un députe siégeant à l'Assemblée Nationale qui, en 1791, esquissoit les objets qu’il avoir fous les yeux, i§5 Le temps n’est pas éloigné , où montant fur le trône des Césars , un grand prince trouva dans bien des parties de ses Etats héréditaires, le germe de la révolution. La constitution avoit de zélés partisans dans le Milanois, dans le Tyro! ; elle échauffa les têtes des paysans de la Carniole & de la Carinthie. Un orateur de ces paysans osa rappellera son souverain ce qui ctoit dû à Légalité , aux droits de l’homme & à la majesté du peuple. Sans la promptitude & l'habileté avec; lesquelles rassemblée de Témefwar fut créée, la manie constitutionnelle fai- foit des ravages en Hongrie. On la trou- voit dans la harangue d’une députation de cinquante - deux personnes par-tout on avoit les yeux ouverts fur ce que vaudroit aux peuples des Pays-Bas leur rébellion. François II, arrivé au suprême pouvoir , dans des circonstances moins critiques , eut l’art de rallier tous les cœurs aux intérêts de ses couronnes. Mais ce qui réussit aujourd’hui , ce qui réussit pendant une fuite d’années glorieuses, i86 c fl toujours sujet à changer dans bien peu de temps, si les peuples ont près d’eux des exemples de révoltes impunies ; l i Qu’il foie permis d’obferver que, vraisemblablement Dumourier & ses adhérens n’eussent pas trouvé tant de facilités dans ^envahissement des Pays-Bas Autrichiens , fi le gouvernement eut repoussé avec une juste indignation les principes démocratiques que renferme!t une adresse présentée en mars 1791. Entr’autres phrases dictées par l’efprit du moment, on lit " II nous „ reste à proposer à votre Majesté, de mettre fin ,, une bonne fois & de la maniéré la plus légale, ,, à tous les abus qui ont pesé jufqu’ici fur le „ peuple. Vous paroisse? jaloux , Sire , de fa con- „ fiance ; eh bien , il n’y a qu’un moyen de l’ob- „ tenir toute entiere, c’est d’interroger ce peu- „ pie, de lui demander à lui-même quelle est fa volonté , quels font ses désirs,,. 11 faut convenir que ce ton avoit été provoqué par le souvenir de la déclaration' qui, un an auparavant, portoit ct que le produit des imposi- S tions feroit consommé dans le pays ; que l’ar- „ niée prêteroit [ferment au souverain & à la „ nation ; qu’elle ne feroit composée que de na- 5, tionaux, & ne pourroit être employée hors „ des Pays-Bas ; que l’avancement des grades i87 on ne peut pas constamment entretenir des armées formidables , on ne peut pas „ n’auroit lieu que fur la présentation des Etats, „ & que ces Etats étoient invités à imaginer telle- forme qu’ils voudroient pour lier leur nou- ,, veau souverain & fa postérité L est ainsi que le séditieux résultat du conseil d’Etat,du 27 décembre 1788 -> échausta, égara les têtes des François , & leur fit former des demandes qui, d'abfurdités en absurdités ont précipité la monarchie, le monarque & couvert de deuil, de malheurs & d’opprobres un vaste & superbe pays. Vraisemblablement les communes du Hainaut n’auroient jamais présenté leur adrelfè, lì elles n’eussent pas été beaucoup trop instruites de la politique qui existoit encore alors, & qui croyoit qu’il y avoit en fin de compte, de grands avantages à retirer pour le souverain, de l’huniiliation des premiers ordres de l’Etat. C’est ce qui se voit clairement dans la lettre écrite à ces premiers ordres , le lendemain de l’adresse des communes. " Quelqu’illégalement & indécemment qu’ait été „ exprimé hier le vœu public , il ne peut plus ,, vous être douteux satisfaites - le donc, mef- „ sieurs, tandis qu’il en est temps encore ; & con- „ fiez-vous á l’empereur, pour que fa sagesse & i88 toujours saisir le point juste , entre une sévérité & une indulgence trop grande. La méchanceté est plus vigilante que ceux qui la doivent réprimer , elle saisit un moment favorable, elle atteint son but, alors qu’on ne se doutoit pas qu’elle y visât. Dans un ouvrage qui parut en 17g t , on lit avec plaisir tout ce qui est rapporté fur le régné de Frédéric II, fur ce régné si extraordinaire , fur cet étonnant génie qui créa une monarchie redoutable qui, comme le Santorin , 1 s’éleva brusquement au milieu des flots irrités. Le même écrivain dit que pur La valeur de ce héros , P Etat Prussien ejl un géant plein de nerfs , auquel il manque de la chair. II vient de „ fa bonté infinie concilient les désirs de la na- „ tion avec les loix & avec l’organifation consti- „ tutionnelle du pays,,. 1 Les anciens ont écrit que Théra, l’ancien nom de l’isle Santorin , étoit sortie du sein de la mer , ainsi que Rhodes & Délos. II paroît que c’eíl une fable , mais il n’est pas question d’examiner çe point d’ivíloire naturelle. iS9 ì s’approprier ce qui augmentera beaucoup fa substance. Mais c’est dans cette nouvelle acquisition , c’est dans les motifs allégués pour s’arrondir, que l’on trouve des motifs plus décisifs encore pour que la cour de Berlin ne fe montre pas favorable à la constitution de 1791. Laissant de côté tout ce que l’excestive liberté que promet cette constitution , offre de contraste avec le régime des anciens domaines Prussiens , ne considérons que ce qu’il y a à redouter de l’efprit d’indépen- dance qui a fait des progrès en Pologne. Pourroit-ou-fe flatter que les babitans des pays nouvellement réunis à la Prusse fe réveilleront par le fait même de ces réunions, avec une autre maniéré de penser? N’est il pas au contraire à craindre qu’en s’unissant à une masse où la démocratie cherche depuis long-temps à s’insinuer, où elle a même fait des progrès , les nouveaux sujets ne corrompent facilement les anciens? Efpéreroit - on à la longue que la force militaire parvint toujours à réduire des mouveroens de rébellion? Le 1 9 ° soldat en France s’engageoit volontaíre- ment, se croyoit autrefois fort au-dessus du paysan ; enfin il étoit beaucoup plus sépare de ses compatriotes qu’il ne Test en Prusse, où le gouvernement peut obliger tout homme de servir , & de servir pendant toute sa vie. On objectera que l’armée Prussienne est; en grande partie formée d’étrangers enrôlés par force ; mais c’est par cette raison que s’ils n’affectionnent pas le pays où ils servent, on ne peut gueres supposer qu’ils aiment davantage leurs drapeaux. L’autre partie de l’armée Prussienne est composée de nationaux qui, en temps de paix , n’ont que deux mois de service , & dont les régimens font dans les districts , où les dix autres mois ces soldats redeviennent paysans ou ouvriers. Seroit- il bien sûr , dans une rébellion , de faire marcher de tels hommes contre la ville ou le village qui fournissent les cinq sixièmes de Tannée à ieur subsistances & où ils ont tout ce qui peut les attacher à la vie ? *9 r Là donc plus qu’ailleurs, le souverain ne doit se promettre une paisible obéissance de ses sujets , que Jorsqu’elle aura sa base dans l’opinion ; que lorsque ce sujet ne croira pas fa condition par trop inférieure à celle des autres peuples ; que lorsqu’il ne lira pas, que lorsqu’il ne se dira pas que son maître a sanctionné la révolte d’une nation , & coopéré à ce qu’un roi de France ne fut replacé furie trône que pour être roi de nom & nullement de fait. Les nouveaux domaines de la maison de Brandebourg i vont recevoir une nouvelle constitution ils ne conserveront point le régime qu’ils avaient fous l’anarchie Bolonaise. Si la constitution Française de 1791 étoit , comme on sa publié, si sage, si solide, pourquoi ne l’adopteroit-on pas pour le gouvernement de ces acquisitions ? Pourquoi, portant la guerre en France, n’imiteroit-on 1 On en évalue la population à 1,136,389 âmes. f 9* pas ceux des conquérans qui adoptaient ce qu’ils trouvoient de bon chez les peu- p!es vaincus par eux ? Mais non , les princes qui occupent en ce moment les grands trônes de l’Europe , font trop sages pour vouloir chez eux de la constitution Française de 1791. C’étoitavec les rapsodies dc cette constitution qu’011 avoit administré la Belgique & la principauté de Liege. La première opération de fautante légitime sut de rappeiler tout à l’ancien ordre; cependant st les souverains croyoient devoir des égards aux prétendus vœux émis par la multitude, ils eussent donné quelqu’at- tentíon à toutes ces adresses de remercie- mens, à toutes ces demandes de réunion à la France , adressées par les Belges & les Liégeois aux peres conscripts de la convention. On se se roi t rappelle que cette convention avoit dans son sein ces mêmes hommes nagueres les plus zélés promoteurs du régime constitutionnel. 1 On 1 Plusieurs ctoicnt de l’aísemblce constituante. anroit { '9Z tiuroit observé qu’une grande partie de§ féglemcns donnés par îes conqnéráns ré- voluteurs , quoique rédigés par le jacobinisme , tenoient aux principes constitit- tioiinèls de 179t. On ne s’est pas arrêté à d'austì misérables considérations , parée qu’encore une fois , il n’est pas de prince assez ennemi de son peuple, assez indifférent sur la dignité & la conservation de sa couronne » pour vouloir cheá lui une constitution qui ne donna pas un instant de bonheuf à la Franéë; enfi n , une machine dant le jeûna jamais réjoui C œil de fés aftisans , parcs qu elle n'a jamdis marché un seul jour \ qui ria pu assurer la vie ni les propriétés de perm sonne, 1 qui a fait des milliers d’itl- fortunés , & qui a rendu le Français atrô* ce & régicide. La maniéré dont l’Angleterre a repoussé toute fraternité avec nos révoluteurs t l’accueil fait aux émigrés & à nos vertueux ecclésiastiques, tout nous promet qu'une 1. De la viede M. De la Fayette , pat JVL de Rivaie!. N f 194 î nation qui vient de se montrer auffi gran» de, auffi sensible, auffi généreuse, n’é- coutera jamais aucune proposition d’hom- mes rebelles & perfides, d’hommes in- fracteurs des loix divines & humaines. Le cabinet de S. James , aujourd’hui si distingué par ses lumières, sentira toute fimportance du rétablissement de la royauté en France, & combien il estdel’inté- térêt du gouvernement Britannique que rien de semblable à la constitution de T791 , ne s’établisse dans un état si voisin de l’Angleterre. - Sans doute , Rousseau a poussé les choses beaucoup trop loin , en disant Lepeu- pfe-Anglais pense être libre , il j'e trompe fort ; il ne r r fl que durant Félection des vtembres du parlement. Sitôt qu’ils font élus , il efl esclave. 11 rítfì rien dans les courts momens de fa liberté ; Fus âge qu il en fait, mérite lien qu il la perde. Des hommes dont le jqgement est respectable ont avancé que le gouvernement Anglais étoit le chef- d'œuvre de l’èsprit humain. D’autres , dans des écrits sagement raisonnés, ont C 195 prétendu que si les pouvoirs distincts res- toient daús le quadre que leur affigne la constitution , ils s’y clioqueroient perpétuellement en masse; que rarement réíul- teroit-il des mesures énergiques & utiles de cette lutte ; & qu’elìe n’est avantageuse qu’au moyen de ce q u'avec une adresse infinie , l'un des pouvoirs se rend maître des autres. Moins tranchans dans nos opinions , nous ne déciderons pas íi la constitution Anglaise est auffi bonne en elle - même , qu'elle est habilement maniée par qui sont au timon des affaires , & particulièrement dans ce moment- ci; mais toujours est-il vrai que, l’Anglais en général, croit plus à fa liberté qu’il ne la raisonne, & qu’il souffriroit impatiemment qu’un peuple , avec lequel il doit avoir des rapports si journaliers & si immédiats , parut plus libre que lui. Le roi d’Angleterre peut dissoudre son’ parlement, lorsqu’il juge cette mesure nécessaire. La constitution Française de 1791 , porte que Le corps législatif ne pourra N ij r 96 être dijsous i . La constitution Française annulle toute distinction ; il n’est pas de pays au monde où les ordres soient plus séparés qu’en Angleterre , en Ecosse & en Irlande. Les seigneurs d’Ëcosse ont des droits qui approchent de ceux de la souveraineté ; il y a une distance, énorme entre les Pairs des trois royaumes & la noblesse non titrée. La constitution de 1791 a réduit le clergé qui a juré ses décrets, à des gages très - précaires ; le clergé d’Angleterre & d’Irlande possede des propriétés, des revenus propres à soutenir sa grande existence , & son influence dans le gouvernement. Combien ces richesses & celles des Pairs , combien la primatie héréditaire de ceux-ci ne prêtent-elle pas à la jalousie de tout le reste des citoyens ! Combien ne s’est-on pas déjà plaint des vices, vrais ou supposés dans la représentation parlementaire ! Bien des gens se rappellent ce ê terrible bon mot de Walpole , lorsqu’il se vanta d’avoir dans son porte - feuille , le si Art. V, chapa. i97 tarif de toutes les probités de l’Angle* terre. de mois se sont écoulés depuis qu’un membre des communes , attaquant cette représentation dit , en parlant du bourg d’Oldsarum Que devenu désert , £ herbe couvrait ses rues ; & que fa feule f abri- queétoit une mauujaclure de membres du parlement ! Combien l’Irlánde n’a-t-elle pas mérité l’attention du ministère Anglais , fur une isle où les deux tiers des habitans professent une autre religion que celle de l’Etat, & où ces habitans exclus de toutes charges, de tout emploi, doivent par là même être enclins pour une constitution démocratique , qui établissant d’abord la même confusion qu’en France, les rendroient susceptibles de ces charges, de ces emplois. On répondra fans doute que la conduite aussi sage que vigoureuse du roi & des chefs de l’administration en Angleterre , a contenu la malveillance dans des temps bien difficiles. Ce font de grandes victoires remportées , mais on n’est pas sûr d’avoir toujours de semblables succès, N iij 198 lorsqu’on est sans cesse en présence d’n n ennemi qui ne peut cesser d’íiy&y intérêt à vous attaquer. Les troubles du régné d’Edouard II, les sombres folies de Wtclef, les funestes différées des partis de la Rose Blanche & de la Rose Rouge , les haines des Tor- rys & des Whgs, des Pétitionner* & des Abhorrers , des Jacobrtes & des Hanovriens , cauferent des maux à F Angleterre , dont fa sagesse lui fera soigneusement empêcher le retour. Cependant cette sagesse pourroit enfin être en défaut, si de nouvelles tentatives plus secrettes , mieux combinées , étoient réitérées par les Propagandistes du continent. Combien ne s’apperçnt-on pas à la mort du docteur Price , des progrès que ces ennemis du genre humain a voient faits ! II fut prononcé nombre d'Oraisons funèbres , où les principes de la liberté illimitée percèrent de la maniéré la plus hardie. On les vit alors adoptés par des personnes qu’on n’avoit pas cru entichées] de ces pernicieuses maximes. C 199 ì Ce fut dans ]e mêrae temps qu’un des chefs de l’Opposition, fit sans doute violence à ses vrais sentimens , en se permettant de dire Que la consitution rédigée par [Assemblée Nationale, éto'u le clos d'oeuvre delà vertu & de Vintégrité humaine. La démocratie est de toutes Jes opinions, celle qui a le plus de sophismes à présenter pour faire des prose]ites. La démocratie Française est & sera une peste qui forcera toutes les lignes de séparation ; qui troublant par-tout l’ordre , sera pénétrer par tout sa contagion , si l’on ne guérit le mal dans le heu même où il a pris. naissance ,si l’on n’en extirpe pas la racine. L’Angleterre ne seroit pas arrivée au degré de splendeur où elle se trouve , sans les efforts qu’elle eut à faire pour s’élever contre la rivalité de la France. Elle ne doit pas perdre de vue que la. destrnélion de Carthage fut une des premières causes de la décadence de Rome. Cette rivalité entre les deux pays séparés par le canal de la Manche , rivalité qu’un fiecle de calme & de bon gouvernement N iv 200 île parvìendroit pas à faire reprendre à Ja France , offriroit moins de danger à l’Angleterre que celui qu’elle trouverait dans son intérieur, si la fureur démocratique étoit encouragée par rétablissement de la constitution de 1791. Non, elle ne le fera pas, malgré tous les efforts des factieux; ils n'induiront pas en erreur le cabinet de St. James ; son ambassadeur à la Haye a montré trop hautement les fentimens de l’Angletcrie fur la révolution française ll ríy a pas encore quatre-, ans , dit milord Auckland dans un mémoire aux Etats-Généraux , que quelques malheureux se qualifiant du nom de philoso- phes , ont eu la présomption de se croire capables d’établir un nouveau syfiême de société civile. A fin de réaliser ce rêve de leur vanité , il leur a fallu bouleverser & détruire toutes les notions reçues de subordination , de moeurs & de religion , qui ont fait jujqiiicì la sûreté , le bonheur & la consolation du genre humain, heurs projets de defiruciion nont que trop réussi ; mais les effets du nouveau syfiême quils ont voulu introduire ri ont servi qu à 2Ol Remontrer l’ineptie & la scélèratejje des auteurs. Les événemens qui Je font fi rapidement succédés depuis lors , surpassent en atrocité tout ce qui a jamais fouillé la page de thifloire. Ce tableau n’est pas fait par un de ces hommes qui parlent fans réfléchir. C’est l’expreílion énergique & fidele d’un ministre dont le mérite est connu , d’un ministre qui, bien instruit des intentions de son souverain , les manifesta de maniéré à ce qu’elles réveillassent l’attention de l’Europe , & qu’elles fussent une nouvelle preuve de l’intérêt que George III prit au fort du feu roi & de fa famille. iNous remarquerons encore que milord Aukland ne fait pas porter fa juste indignation fur les seuls jacobins ; il ne s’at- tache pas aux résultats, il remonte' aux causes; & c’est à tous les rebelles, fous quelques dénominations qu’ils fe soient montrés, qu’il déclare la guerre. La gloire du même nom , les souvenirs des obstacles à surmonter pour placer Philippe V sur le trône d’Espagne , mieux que toutes ces considérations encore , 202 Félévation des senti me us de fa majesté catholique , assurent à notre jeune roi le vœu & les efforts de la cour de Madrid. Le descendant de Louis XIV ne dira pas au fils de Louis XVI „ Mon ame , à ma grandeur toute entiers attachée , M Des intérêts du sang est solidement touchée. Charles IV contribuera à rétablir non une royauté constitutionnelle, mais cette noble & antique monarchie, dont tous les princes de la maison de Bourbon partagèrent les avantages. Quelquefois de cruelles raisons politiques forcerent les souverains à paroître insensibles aux malheurs de leurs plus proches parens ; mais ici l’intérêt de FEs- pagne , l’amour de son roi pour son peuple , secondent à Fenvi f horreur que doit inspirer à sa majesté catholique la constitution de 1791. Quel ravage ne se roi t- elle pas fous un climat brûlant, si elle attaquoit à la fois Finquisition , les richesses du clergé , les Rìcos hombres , les grands dc toutes les classes, & les Hidalgos ! De- 203 puis 1713 , le gouvernement fut se débarrasser des prétentions des assemblées du royaume, nommées Las - Cor tes ; mais elles rcnaìtroient, si nos propagandiíìes croyoient utile à leurs vues de les remuer, & si leurs succès en France invitoient an soulèvement, & le Catalan qui sut si difficile à tranquilliser , & le fier Arragonois qui regrette de -savoir plus que le stérile plaisir de dire quelquefois à son roi Nous qui valons autant que vous , & qui pouvons plus que vous , nous vous saisons notre roi , à condition que vous conserver nos privilèges Jìnon , non. Une formule auffî hautaine ne signifie rien dans un temps calme 4 mais elle peut être l’étin- celle qui allume un grand incendie , quand le vent de la rébellion souffle sur tout l’univers. L'Efpagne n’ayant de contact avec le reste de 1 Europe que par la chaîne des Pyrénées , pourroit être désolée par toutes les horreurs des systèmes modernes, fans qu’aucune puissance du continent fût à même de soutenir ou de venger les 204 î droits de la couronne de Castille. On fait qu’on ne vient pas austi facilement à bout d’une nation révoltée , en ne pouvant s’en approcher que par des flottes & des troupes de débarquement, que lorsqu’on peut faire marcher des armées de terre; & la France, démocratisée par la constitution , fermeroit autant qu’elle lepour- roic, tous les passages aux armées des autres souverains. L’on ne fau roi t en même temps fe dissimuler que les malheurs auxquels l’efprit de rébellion exposerait l’Espagne , feraient vraisemblablement aggravés par la prompte insurrection de ses sujets dans le nouveau monde. Si la monstrueuse constitution de 1791 se rele- voit du coup que lui ont porté les jacobins & les anarchistes, elle forcerait certainement son pouvoir exécutif d’éviter toute union avec la branche d’un arbre que les démocrates veulent finir par déraciner. Combien les impostures de nos factieux n’avoient-elles pas déjà fait de ravages , & induit en erreur des hommes 25 qui , honorés de la confiance d’un grand monarque , devroient être d’autant plus fur leurs gardes ! Combien n’a-t-il pas été affligeant de lire dans une lettre du chargé des affaires d’Espagne au rebelle Le Brun, au prétendu ministre de la prétendue république Que fil des changemens dans des injlituùons politiques affranchiffent un pays de Cantique refipecí qùil crut devoir à fies rois, nulle révolution ne piut affranchir Us âmes honnêtes du refipecí quelles doivent à la douleur & à C infortune ! C’étoít sans doute une intention honnête , mais bien peu réfléchie , qui dicta & cette phrase , & tout l’écrit où elle se trouve. Son auteur ne sentit pas à quel point ses expressions, tout en blâmant les excès , sembloicnt justifier le principe de la rébellion qui détrôna Louis XVI; & c’est le ministre d’un roi qui tient ce foible , cet extraordinaire langage ! On voit ce qu’avoient produit des liaisons avec les philosophes de la trempe d’un Condorcet; on voit ce que pouvoient produire ces trop longs ménagemens pour des scélérats avec les- { 20Ô quels toutes les cours eussent dû rompre toute communication , du moment où il fut évident que Louis XVI n’avoit plus la liberte de faire connoître ses intentions. Liais nous retrouvons avec satisfaction la grandeur d ame Castillane & les vrais senti mens de la cour de IVIadrid , dans la déclaration du général Ricardos. i j Lions chercherions vainement parmi les autres puissances de l’Europe quelles scroient celles qui delireroient que la constitution de 1791 se rétablit. Seroit- ce la Ruiìie ? La conduite de Catherine II 11’a pas cessé d’annoncer depuis notre révolution , combien fa grande ame étoit indignée de ce qui se passoit en France. Seroit-ce la Sucde ? Le régent qui la gouverne fait ce qu il doit aux mânes de Gustave JII ; chaque jour il voit du palais qu’il habite, le lieu où un malheureux Suédois , incité par la propagande , asiaílìua Ion souverain. 1' ;\u quartier-g ínéral de Ceret en Ruiissibon, le ; niai 179 î. { 207 Seroit- ce Je Dannemarck ? IJ n’efì pas aisé de penser qu’un prince absolu voulût encourager ses sujets à saisir la première occasion de lui enlever son pouvoir. Ce ne seroit pas davantage la Porte, ni le Portugal, ni les souverains d’Italie , ni le Corps Helvétique ; toutes ces puissances avoient à se louer de leurs rapports avec les rois de France; quelques-unes d’en- tr’elles n’ont été inquiétées que depuis que ce royaume a cessé d’être soumis à l’autorité de Louis XVI. Depuis la fondation de la monarchie , jusqu’à la rébellion de l’Assemblée Nationale , jamais aucuns miniûres des rois de France n’auroient osé mettre sous les yeux de ces princes , un plan de conduite semblable à celui que le député Duport lut, le 2t mai 1790, au comité de la propagande. Après avoir applaudi avec iVlirabeau à 1 heureuse révolution de ï rance , qui sera pour tous les peupLs le réveil. de La Liberté , & pour les rois Lc de La mort , on y examine les moyens d'occuper ces rois d’uue maniéré si active 20 8 cliez eux , qu’il ne leur soit pas possible de songer à troubler le grand œuvre des Français. Mais commençant par ce qui étoit le plus à la portée de ces régénérateurs universels , on convient d’élever la Suisse aux hauteurs de la raison , d'ou ton ries étonné par aucun spectacle , ou l’on n’est affaibli par aucun ascendant , où ton nef subjugué par aucun empire; i c’est- à-dire, où l’on n’est retenu par aucune bienséance, où ne prenant pour guide qu'une excessive ambition , on est déterminé à renverser tout ce qui lui présenterait quelqu’entrave. Mais lisons attentivement l’artiele du Corps Helvétique, La Suisse offre plus d’ob fades que d’autreS contrées , parce que tarifocratie rend le peuplé heureux dans certains cantons ; cependant il importe qu ils deviennent tous démocrates. 2 C'ef par Lucerne ou Fribourg qu il faut com - 1 Phrases ampoulées d’un autre de ces esprits inquiets qui nous ont fait tant de mal. al le bonheur du peuple ne dévoie être compté pour rien. mencer f 309 mencer vigoureusement, 6- non par le redou* table canton de Berne. 11 ne faut pas cependant le négliger, tant s'en faut ; mais ce ri efi pas le pays allemand qriil faut chercher à séduire, défi le pays conquis , le Pays- de-Vaud l'ouvrage qu on nous a lu à cet égard efi un bon germe ; peut - être faut - il attendre avant de le semer, f II efi quelques détails inexacts dans t entreprise du Major.... & dans fa tyrannique exécution ; ils font décrits d'une maniéré plus touchante dans un ouvrage que j’ai , att sujet du Consensus requis , en 1 ^ 24 , pour l Etat de Berné je prêterai cet écrit à V auteur de C Avis à rHelvétié . Berne a commis de grandes atrocités en rjgc ; il faut les dévoiler . Mais , je le répete , Berne doit suivre le fort des autres cantons arifiocratiques ; Berne ne pourra résister à Vimpulsion totale , mais il faut diriger ses 2 On ne seme pas un germe ; ce qui est semé germe ensuite ; mais nos factieux ne se font pas piqués de plus de correction dans leur style que dans leur conduite. O i là efforts fur Luceme & Friíourg ; tout y ejí dispofL C’est ainsi que sous lé régime de la constitution , des perturbateurs du repos de la France, verdoient que d’un pôle à í’autre leurs monstrueux systèmes bouleversassent tout i . C’est ainsi qu’ils mé* diterent de longue main les crimes qu’on leur lai'Ta commettre, parce qu’on ne i C'est ainsi qu’ils préparoient la ruine d’une nation i long-temps l’allié'e de la France, & qui dejà travaillée par i’affreux art de nos factieux , s’est peut - être trop livrée à des séductions & à un engourdissement dont les suites pourroient lui être funestes. En Voyant les Suisses à Sem'pacb, à Morgarten, repousser avec tant d'intrépidité les attaques d’un ennemi fi puissant , mais qui leur faisoit une franche guerre , on est surpris de les trouver indécis , si circonspects envers des perfides qui, sous le prétexte d’une alliance fì ouvertement violée , leur ont fait les insultes sis plus sanglantes. Ah ! ces bons Suisses nous réduiroieut-ils à répéter en parlant d’eux,ce qu’en disoit'Tacite Oìim armis uirifque. , mox memoriâ nominis , clari. f Lir s ^ ^ ^ pòùvoit se persuader qu’ils arrivassent à ìeurs fins. On rioit, en 179O, de la ridicule motion tendant à faire quitter au roi le nom de Bourbon , pour lui donner celui de Louis Capet. Quelques mois auparavant, on méprisoit le passage d’un journal autorisé par i’Assemblée Nationale , où sauteur dit Tout prince étranger qui vient se mêler des affaires domefìiques dé une nation , ne mérite- 1 -il pas la mort? Ne viole t-il pas le droit des gens ? N’attaque- t-il pas la vie , la liberté de chaque individu qui compose cette nation ? Et chacun de ces’ individus n est il pas fondé à lui rendre guerre pour guerre, & à le repousser , soit à force ouverte avec toute la nation , ou seul par ruse & par adresse ? Qu’arriva t-il ? On ne tarda pas à apprendre la mort de deux têtes couronnées 1 ; depuis , se forma la légion des x Anckarstrom, le meurtrier de Gustave III > avoit dans ses papiers trois lettres très - signifiantes, du club des jacobins. Carra dit dans une feuille publique, en mars 1792, que l’em* O ij 27 2 tyrannicìdes. L’horreur publique en fíi tomber la dénomination ; mais la fameuse Montagne de la convention ne prit ce nom qu’en mémoire de ces trop célébrés assassins qui , fous l’aiitorité d’un chef nommé l’ancien ou le vieux de la montagne , nourrissaient des jeunes gens qu’ils en- voyoient de Phénicie,immolerauloin tout ce qui leur faìfoit ombrage. Aujourd’hui îe combat est devenu un combat à mort entre les régicides de Louis XVI & tous les rois. Observés par leurs peuples , en butte à tous les artifices de leurs affreux ennemis , les souverains s’exposent à mille embarras, ils se creusent des abymes dont la profondeur est incalculable, s’il reste pereur étoit mort pour avoir avalé un jacobin qu’il n’avoitpu digérer, qu’il falloit espérer qu’il en seroit bientôt de même des autres souverains. Péthion, dans le même temps, osa dire publiquement qu’ií falloit se desaire d’une des premieres têtes couronnées. Mais les scélératesses perdent de leur activité à mesure que ces souverains se montrent déterminés à extirper la race des factieux- 2t3 une seule tcte de l’hydre. Si cette tête est la constitution , elle jettera au-dehors de la France son venin. On peut même dire qu’aujourd’hui, ce venin est plus à craindre pour les princes les mieux astis fur le trône , que pour notre infortunée maison royale dont l'état est tellement cruel qu’il ne sauroit empirer. Si Louis XVII pouvoit jamais être abandonné parles puissances , une contre- révolution inévitable termineroit enfin des malheurs dont il ne connoît pas encore toute l’étendue. Des vengeurs, excités par tout ce qui éleve l’homme au-dessus de lui-même, sortiroient comme ils le font déjà de toutes les parties de la F rance. Ils fonderoient les armes à la main, un nouveau trône fur les débris de l’échaf- faud de Louis XVI. Pendant ce temps, l’univers étonné du peu d’intérêt que ses maîtres auroient pris au fort du fils de tant de rois, verroit tous les germes d’insubor- dination se développer contre des princes insoucians. La reine de France dont la place est à O iij 214 jamais marquée dans l’histoire , cette princesse dont le courage confondit la barbarie d’un peuple furieux , dont la magnanimité changea ra n t de fois cn vénération la rage d’une multitude égarée, dont on a dit avec tant de justesse Que s'il fallut à ses ennemis des crimes , des conjurations & de longues pratques pour la faire, affrffner , il ne fallut à elle qu'un moment pour fe f tire admirer ; enfin l’auguste IYIarie- Antoinette, dont tant de malheurs n’ont pu affoiblir Tanne , verroit ses vertus triompher encore de la méchanceté de ses geôliers. Nos princes si dignes de l’appui des puissances , par leur amour pour le feu roi, par leur tendre sollicitude pour le roi leur neveu, par leur invariable attachement aux principes de la monarchie, nos princes que nuls dangers n’ont étonnés , que nuls obstacles n’ont affoiblis , nos .princes qui n’auroient jamais eu d’ennemis , s’il n’eut pas fallu les comprendre dans ìe systcme destructeur du trône , peuvent , quelque soja, leur destin, être 21A bien sûrs de trouver dans les respects de tous ies bons Français , la récompense de leur courage , & le tribut de laplusjuíle recotiuoi fiance. La sœur de Louis XVI s’est élevé des autels dans tous les cœurs vertueux. On i’impiorera lorsque la laílìtude & l’eftroi du crime laissera percer la voix des gens de bien. II» s'aideront de la clémence des trois princesses que renferme le Temple , pour sauver Paris dune ruine totale. IVlais tandis que le temps & les divisions de nos persécuteurs ameneroient un ordre de choses moins insoutenable que l’anar- chie , quelle .seroit la suite des tentatives trop promptement interrompues par les princes coalisés? Osons le répéter encore, il n'en exiíìeroit plus qui pussent raisonnablement se promettre de transmettre leur sceptre à leur fils ; chaque prince couchant devroit craindre d’ètre réveillé par la rébellion qui ie destitueroit. Bientôt on verroit, comme fous le Bas Empire , les généraux d’armée s’emp.'iraiit du suprême pouvoir, régner quelque temps O iv l 216 jusqu'à ce qu’une soldatesque mutinée par un autre ambitieux, arrachât à l’usur- pateur l’autorité & la vie. Galba régnoit encore , lorsqu’un bas-officicr & un soldat proclamèrent Othon. Ainsi tous les souverains du monde pour s’être laissé détourner par de lâches conseils du plus majeur de leurs intérêts, se verroient bientôt persécutés de toutes les maniérés par les sectes des philosophes nivelleurs. Bientôt ces princes connoi- troient jusques dans l’intérieur de leur palais , jusques dans l’apparent calme de leurs nuits , toutes les inquiétudes , tous ces noirs soucis qui firent payer si cher à Cromwel, f affreux plaisir d'avoir dégradé la royauté. Ah ! cessons de craindre qu’il y ait en ce moment un seul ministre, un seul conseiller assez dépourvu de raison , pour oser proposer à son maître d’abandonner une cause que , dès la fin de 1789 , George III déclara être celle de tous les rois. II n’en est pas un en ce moment, que 217 leurs sujets n’élevassent au trône , si le droit de leur naissance ne les y eut placés. Ils ont tous été contemporains du prince qu’ils pleurent & qu’ils sauront venger. Les malheurs de la maison de Bourbon ne datent pas de ces époques reculées qui perdent par le temps , de leur grand intérêt. Les bons Français portent encore le deuil du roi martyrisé, & dont les vertus seront à jamais l’objetde leurs regrets & de leur culte. Le petit - fils de Marie - Thérèse qui re- leve Téclat de mille qualités brillantes , par la sensibilité de son cœur , semble avoir dirigé toutes ses pensées , tous ses regards , vers cette tour du Temple où son sang uni à celui des Bourbons , souffre toutes les horreurs de la plus barbare captivité , où les mêmes gens qui firent un crime à la reine d’avoir pleuré Joseph II, conservent la triste mais courageuse vie de cette princesse i , On voir aux O Quia pejjirnus quijque diffidcntìâ pr&~ J'cntium nuitationempavens , advershspubiicuni odium, privâtarn gratiam prajiarat. Tacite. { 218 effort? prodigieux de la cour de Vienne, on voit dans l’activìté de ses généraux , que leur souverain compte pour perdu cliaque jour qui peut retarder celui où lu reine & le roi de France verront briser d’odîeux verroux. L’éleve d u grand Frédéric, celui qu’il annonça comme devant recommencer son régné , préféré à ses palais , aux plaisirs de fa capitale , les fatigues, les dangers d une guerre dont l’obet est fi juste, dont les résultats feront si glorieux & si raííurans pour toutes les autorités légitimes. Des bords de la Neva juqu a ceux du Tage , des extrémités des Hébrides jusqu aux rives duPô, rives pendant longtemps si paisibles , tous les souverains font marcher de nombreux bataillons. Les Bottes d’Angleterre & d’Espague voient arriver au milieu d elles ce pavillon de Catherine II, qui flotta avec tant de gloire dans toutes les mers connues. La conduite , la fermeté de Pie VI rappellent le courage & la sagesse de S. Léon , si justement surnommé le Grand. Ce qui l 219 rfétoit qu’une rêverie en sortant du eer- veau de Fabbé de S, Pierre , ce syílême d’union intime de toutes les puissances de FFurope ; aujourd’hui , un profond sentiment d’honneur une indignation également profonde vont le réaliser. La France n’en rompra pas Funité , car ce n’est pas la France qu’on attaque. La France n’est plus qu’où font les sujets fidèles. Les royalistes se joignent, se joindront à tout ce qui se fera pour rendre à Louis XVII le trône de ses peres. Le cri, { ce cri si douloureux! ce dernier accent de Louis XVI retentit dans tous les cœurs ; il est le signal du plus noble ralliement, du ralliement le plus essentiel au repos, an bonheur du genre humain ; toutes les peines , tous les travaux fe supportent fans murmure , lorsqu’on se dit que leur objet est de purger la terre des monstres qui la désolent & qui la déshonorent. Si chaque Français vertueux a le devoir de consoler les mânes de quelqu’objet chéri , chaque souverain éprouve sûrement le même sentiment pour Louis XVI» 220 pour cet auguste descendant d’unerace,' d’où sortirent la plupart des maisons , qui font aujourd’hui fur divers trônes de l’Eu- rope ; chaque roi sentit son sang bouillonner en méditant sur la longue série d’insultes, qu’au nom d’une absurde constitution des révoltés firent endurer à leur souverain. Chaque roi s’est honoré de verser des larmes en suivant Louis XVI, depuis le io août jusqu’au 21 janvier. Je ne me rappelle pas d'avoir fait sciemment aucune offense à personne , 1 nous dit-il dans des termes si touchans ; & cependant, combien ne fut-il pas persécuté par des hommes qui surpassent en cruauté un Montravers , un Couru ai, ces barbares gardiens d’Edouard II! Quelle horreur de voir Louis XVI brutalement offensé par des êtres qui, quatre ans avant, r Testament du roi. II nous rappelle le langage que Tacite fait tenir à Germanicus Referatis quibus acerbitatibus dilaceratus , qui- bus ìnstdiis árcumventus , miferrimam vitam pejstmâ morte fmierirn. 22 ï } tî’cuíTent pas osé lever les yeux jusqu’à la hauteur des siens ! Lorsqu’on considéré ce monarque dans tous les refus qu’il épiouva , dans toutes les injustices dont il fut l’objet, dans toutes ses privations, dans les horreurs de fa solitude, dans l’affreusc séparation de ce qui lui étoit le plus cher, dans cette derniere & déchirante entrevue, où il dit adieu à son épouse chérie, à madame Elisabeth, à cette sœur au-dessus de tout éloge, à ses en sans en larmes ; enfin , lorsque l’ima- gination aussi attendrie qu’indignée marche avec luijusqu’à cet infâme supplice qu’il sut changer en un superbe trépas ; quel seroit le monarque qui ne se sentirent pas blessé dans tout ce qui tient à la dignité royale, à l’honneur de l'humanité ? Déjà l’accord des princes coalisés annonce , que pénétrés d’horreur pour un crime qu’il est instant de punir , ils se disent unanimement RepouJJons plus que jamais la politique insidieuse qui se réjouirait de rabaissement £un trône, oublions ces motifs de difsé- rens entre nous , sourcefâcheuse où no s minif- 2 22 } Ites vont trop suivent puiser leur crédit Occupons -nous T u n intérêt plus légitime. Jl p prenons une bonne fois aux nations qu'on né touche pas impunément à Coint du Seigneur ; montrons - leur que leurs révoltes , que les diffentions & C anarchie qui en font les fuites inévitables , peuvent leur coûter des pertes dé territoires , I leur ravir pour long - temps leur prospérité , joncher de morts des champs Ou croijfoient les plus abondantes moissons $ & porter des coups irréparables à leur commerce , mais que ces audacieuses & folles innovations ne fauroient être de durée. Apprenons enfin à tous Us peuples , que les jufies prérogatives de la royauté font comme l’arche sainte à laquelle on ne touchait pas fins être frappé de mort. En même temps que les princes agiront d après cette détermination , on peut attendre de la sagesse de ceux qui se montrent avec le plus de force , qu’ils fenti- , Voyez Tarticle II. de la ratification du récòs ds 1 ’Empire, en date dujo avril 179}. 223 rcnt toute la différence à faire entré le vertige d’un conquérant qui ne veut qu’é- tonner, sans songer à ce qu’après lui deviendra fou royaume , & la politique réfléchie d’un état qui en étendant fa domination , veut l’affernvr. Jamais réunion de circonstances n’a été plus favorable au noble, au juste projet de rendre à Louis XVII le trône de ses peres , & de l'y replacer ainsi qu’il doit y être pour le bonheur de ses peuples, pour la tranquillité des autres couronnes. C’est en vain que de misérables charlatans, que ces infatigables prôneurs de leur ridicule constitution voudroient en faire recoudre les lambeaux, ils ne parviendront pas à les rassembler. Ce qui fe passe dans tant de départemens où l’on agit déjà hautement contre la convention , où l’on adhère au vœu que manifeste l’armée royaliste; les mouvemens des provinces où jamais on ne céda yo- lontiers à la révolution , l’extirpation dè ce funeste arbre de la liberté renversé dans bien des parties d u royaume, tout c 224 annonce aux puissances qu’enfin la nation rentre en elle-même. Lorsque M. le duc de Brunswick s’a- vança si majestueusement en France, lorsque fort de sa réputation , de ses talons & des braves armées qui lui étoient confiées, il eut vu tout plier devant lui, si les immuables arrêts du destin n’en eussent ordonné autrement, l’Europe & tous les bons Français applaudirent à la déclaration, dans laquelle le généralissime de Leurs Majestés Impériale & Prussienne dit í Quelles ri > entendaient point s'immiscer dans k gouvernement intérieur de la France ; qu elles vouloient uniquement délivrer le roi , la reine , & la famille royale de kur captivité pour procurer í Sa Majesté Tris-Chrétienne les moyens de travailler fans obfacle à ce qui pourroie assurer 1e bonheur de leurs sujets „ Malgré la plus cruelle des pertes, le même objet est à remplir. Nous avons encore un monarque dans la captivité ; nous avons les mêmes potentats pour appuis & pour garants de nos 'droits. A ces augustes protecteurs, se joint la majeure 22Z jeure partie des souverains de FEuròpCi Tous font armés aujourd'hui pour rendre à Louis XVII le sceptre odieusement en- levé à son pere. Qu’il est consolant de penser, que ce qui est commandé par la justice & le véritable intérêt des têtes couronnées, est aussi ce qui fera le plus facile à l’emploi de leurs forces. A mesure que leurs généraux Rapprocheront de Paris , ils annulleront tout établissement illégal, ainsi que cela s'est effectué dans la principauté de Liege. Ils rappelleront tous les sujets du roi de France aux emplois qu’ils occupoient avant la révolution. Ce n’estpoint s’immiscer arbitrairement dans l’intérieur d’un gouvernement, quand oti u’use des droits de la victoire que pour rendre un pays à un ordre antique , salutaire, & qui ne fut interverti que par la rébellion. De noires ténèbres avoienc obscurci la France ; les hommes ne se con- noissoient plus ; dans une déroute nocturne, on saisit la petite pointe du jour pour rassembler les bataillons épars. Lors- qu’il reste uu moyen çl’échapper à figno. P { 226 minie , le fuyard se rallie au drapeau qu’ít suivi l’homme d’honneur. De même les malheureuses dupes de tous les partis , saisiront avec empressement la possibilité de se confondre dans la feule classification de royalistes. A coup fur, & jacobins & constitutionnels également trompés dans leur attente , trouveront une forte de satisfaction à être plutôt subjugués par un ordre de choses, qu’ils respectèrent long-temps,
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